2. La « mort de l’auteur », son retour, sa suite …

Notons pour commencer que tout se passe comme si le débat lancé dès les années soixante en France n’en finissait pas de rebondir, quand bien même certains annoncent la fin de la Théorie, ou postulent à son propos une exception française (cf. l’article de Antoine Compagnon, « L’exception française » in Où en est la théorie littéraire ?, Textuel, n° 37, Paris 7- Denis Diderot, avril 2000). Et ce n’est peut-être pas le moindre des rebonds de constater que quelqu’un comme Julia Kristeva, qui a largement contribué à ce débat dès le départ, revient elle aussi sur sa propre pratique critique pour y voir un subjectivisme inattendu :

‘Si l’on distingue les initiateurs de théorie littéraire des épigones, on s’aperçoit que les avancées théoriques s’accomplissent dans des oeuvres personnelles où la neutralité de l’interprète est déjouée par son implication souvent revendiquée. […]. Il en est de même pour moi, que j’écrive sur Lautréamont ou Mallarmé, et plus encore sur Céline et Proust : le « sémiotique », l ‘  « abjection » ou la distinction de « caractères » romanesques vs « personnages » sont des effets de transfert sur les textes et les auteurs, autant que des conceptualisations. 122

Il faut dire qu’en amont le terrain de la discussion est philosophique : il implique des a-priori relatifs à une théorie du sujet, elle-même au cœur de controverses toujours d’actualité. Pour les besoins de l’étude qui s’engage, il va falloir faire un choix parmi les directions prises par ce débat. Et si possible, un choix coïncidant avec les propositions des auteurs et de leurs textes .

Notes
122.

Julia Kristeva, « Penser la pensée littéraire », in Où en est la théorie littéraire ?, Textuel n°37, Paris 7-Denis Diderot, avril 2000, pp. 36-37