c. Égalité homme- femme de 1920 à 1953

Le droit français a beaucoup influencé le droit cambodgien. C’est la raison pour laquelle, le 25 février 1920, le premier Code civil cambodgien a été promulgué par l’ordonnance royale numéro 17, par Sa Majesté Sisowath, Roi du Cambodge. On sait que le Code civil de 1920, suivi ensuite, par le Code pénal, les Codes de procédure pénale, de procédure civile et enfin par le Code du commerce, se sont beaucoup inspirés du modèle du Code civil français de Napoléon de 1804. Lorsqu’il était transféré 40 dans la société cambodgienne via le protectorat, il est vrai que le droit de ce pays a subi l’influence du droit français mais il apparaît que cette influence est positive.

Lorsqu’on lit le Code civil cambodgien de 1920, on constate, contrairement aux « Codes Cambodgiens » anciens, que la puissance paternelle et maritale a été limitée. Concernant le mariage, le consentement entre fille et garçon est indispensable 41 . En matière successorale, la femme du premier rang peut recevoir la moitié des biens de la communauté 42 .

Dans la vie sociale en pratique, on constate que les femmes cambodgiennes sont plus actives, elles disposent de grandes libertés et semblent toujours être bien traitées par leur mari. Selon la remarque de Monod 43 , « dans la famille cambodgienne, la femme, dont la moralité est presque toujours au-dessus de tout éloge, est en tout l’égale de l’homme  ; souvent même, elle prend plus d’initiative que lui. C’est elle en général, qui détient l’argent du ménage et en règle l’emploi. Elle est toujours traitée avec les plus grands égards ». Cependant, il y a aussi des femmes qui travaillent très dur, dans des conditions plus épouvantables que celles des hommes. Il s’agit surtout des femmes de la campagne. Cependant, bien qu’elles ne fussent juridiquement pas égales à l’homme, on s’aperçoit que la plupart des femmes ont obtenu une place honorable dans la société cambodgienne par rapport aux hommes.

Si nous faisons une conclusion générale sur l’évolution de l’égalité entre les hommes et les femmes depuis l’époque angkorienne jusqu’à la fin du protectorat, nous pouvons affirmer que les femmes cambodgiennes sont travailleuses, actives, et qu’elles dominent parfois les hommes dans certaines matières comme le commerce. Néanmoins, leur condition juridique reste inférieure à celle de l’homme après la fin du 13ème siècle. Une telle situation n’est pas différente de celle de la société occidentale comme la France où « les femmes ont toujours travaillé » 44 , mais leur situation juridique était inférieure à celle des hommes.

Notes
40.

Marion SIMONET, Droit et famille au Cambodge, p. 35 et s.

41.

L’article 138 du Code civil cambodgien de 1920 parle de « la déclaration publique formulée par chacun des époux qu’ils veulent contracter le mariage   ». Quant à l’article 163 du même Code, « Le mariage est annulable lorsque le consentement de l’un des conjoints fut vicié, par erreur ou par contrainte ».

42.

Article 252 du Code civil cambodgien de 1920.

43.

MONOD, Le cambodgien, édi., Larose, Paris 1931. p. 31, in Jean THIERRY, L’évolution de la condition de la femme en droit privé cambodgien, op.cit., p. 236.

44.

Sylvie SCHWEITZER, Les femmes ont toujours travaillé, une histoire de leurs métiers, XIXè et XXè siècle, éd., Odile Jacob, 2002, 330 pages.