B. La protection des droits et libertés collectifs des salariés

Le rapport de travail est souvent déséquilibré en raison de l’inégalité économique forte qui existe entre les parties au contrat. Ainsi, la protection des libertés et des droits collectifs des salariés constitue-t-elle, selon Madame Marie-Cécile ESCANDE-VARNIOL 272 , l’un des moteurs des droits fondamentaux pour l’amélioration des conditions de travail et de paix sociale. Le législateur veut accorder aux salariés une protection particulière contre le pouvoir de direction de l’employeur. En se regroupant, les salariés peuvent rétablir l’équilibre des forces économiques. La loi accorde une protection aux salariés à travers la reconnaissance du droit syndical, du droit de grève ou du droit de la négociation collective, etc. Cependant, il faut souligner que les syndicats ne s’implantent, au Cambodge, que dans certains secteurs comme le textile ou l’hôtellerie. La protection des travailleurs par les forces syndicales ne peut pas s’étendre à l’ensemble des travailleurs, plus particulièrement ceux qui travaillent dans les petites entreprises ou dans une profession agricole bien que juridiquement ils ne sont pas écartés de la protection. Afin de protéger les salariés dans les petites entreprises, le législateur adopte le mécanisme des seuils d’effectifs qui permet au syndicat représentatif de désigner son représentant qui a pour mission notamment de conclure et de signer les conventions collectives d’entreprises ou d’établissement 273 .

La protection des libertés et des droits collectifs des travailleurs se manifeste essentiellement à travers la protection du droit syndical et du droit à la négociation collective d’une part (1) , et de la protection du droit de grève, d’autre part (2) . Ces deux aspects jouent un rôle essentiel dans la lutte contre les discriminations parce que c’est grâce à la force syndicale que les travailleurs peuvent se défendre.

Notes
272.

Marie-Cécile ESCANDE-VARNIOL, Les droits sociaux fondamentaux et le droit du travail cambodgien, art.préc., p. 118 et s.

273.

L’article 278 du Code du travail cambodgien énonce que « dans les entreprises ou établissements qui emploient plus de huit travailleurs, le syndicat représentatif peut désigner un délégué du personnel, titulaire ou suppléant, pour le représenter auprès du chef d’entreprise en qualité de délégué syndical. Celui-ci a notamment qualité pour conclure et signer les conventions collectives d’entreprise ou d’établissement, au nom de l’organisation qui l’a désigné... ».