Conclusion du chapitre I

Un rapide retour en arrière nous permet de dire que, sur le plan juridique, à l’exception de la période des Khmers Rouges qui ont détruit les institutions, les personnels qui en assuraient le respect, et les fonds documentaires nécessaires, le Cambodge aujourd’hui ne manque pas de cadres juridiques même si les lacunes et les zones d’ombre que nous venons de décrire existent toujours. Le problème qui se pose est de savoir comment on peut transformer ces dispositions juridiques existantes dans la réalité sociale, économique et politique cambodgienne. Autrement dit, quel est le degré d’intégration de cette loi dans une société où la population s’attache encore à la pratique traditionnelle dans la régulation sociale ? La réponse n'est pas facile parce que d’une part, la loi qui a pour objet la régulation sociale dans la société moderne est mal reçue par la société cambodgienne en raison des difficultés du transfert de droit. Le recours à la loi et la confiance dans les institutions de l’État sont encore faibles. De plus, la société cambodgienne demeure très inégale entre les hommes et les femmes concernant les relations du travail 497 .

Par ailleurs, la mise en œuvre des normes juridiques tant nationales qu’internationales se heurte aux problèmes économiques du pays, nécessitant la recherche d'un équilibre entre les exigences juridiques d'une part, économiques de l'autre. Dans ce contexte, on ne peut donc que constater l’ineffectivité des dispositions juridiques en vigueur. On peut dire que l’inégalité de traitement dans les relations du travail constatée jusqu’à présent est une conséquence de la faible application de la loi du travail soutenue par la résistance de la société toute entière. C’est la raison pour laquelle il semble opportun de proposer des solutions nouvelles adaptées au contexte actuel et permettant d'améliorer l'effectivité des normes juridiques, ce sera l'objet du chapitre suivant.

Notes
497.

Si l’on fait un constat général sur l’évolution de la condition des femmes au Cambodge, on peut remarquer que ces femmes ont toujours une place dans cette société. Cependant, la place que l’on accorde aux femmes est plutôt morale ou traditionnelle que juridique même si celles-ci sont juridiquement égales aux hommes. L’infériorité des femmes face aux hommes est due aux comportements sociaux des Cambodgiens qui ont encore une vision assez étroite de la place des femmes.