B. Les prémices de l’action positive

Étant donné que l’action positive rompt avec l’égalité de traitement à titre provisoire, la mise en œuvre de cette action, comme celle des normes du travail en général, suppose une vigilance de la part de l’État ainsi que des acteurs qui contribuent à ce processus. L’inattention peut provoquer, au lieu de réduire l’inégalité, une discrimination de plus en plus choquante entre les travailleurs.

Avant toute mise en œuvre de l’action positive, l’État doit avoir une ligne politique claire et précise sur les mesures qui seront prises concernant des femmes ou d’autres catégories de travailleurs. Cela correspond à ce qu’énonce l’article 2 de la Convention 111 de l’OIT adoptée par le Cambodge : « tout Membre pour lequel la présente Convention est entrée en vigueur s’engage à formuler et à appliquer une politique nationale visant à promouvoir, par des méthodes adaptées aux circonstances et aux usages nationaux, l’égalité des chances et de traitement en matière d’emploi et de profession, afin d’éliminer toute discrimination en cette matière ».

D’ailleurs, la mise en œuvre de l’action positive suppose d’abord une bonne connaissance de la situation respective des hommes et des femmes. Pour cela, les statistiques sont des bases importantes dans le déroulement de ce processus parce qu’on ne peut pas rétablir une égalité concrète sans savoir quelles sont les inégalités constatées et les besoins à compléter. Il semble difficile pour le Gouvernement cambodgien, vu la situation actuelle du marché de l’emploi dans ce pays, d’avoir les chiffres nécessaires et fiables 550 . Cependant, les mesures générales peuvent être également prises lorsqu’on sait que les femmes sont moins bien représentées que les hommes notamment dans la fonction publique, ou la représentation des travailleurs. En dehors de l’entreprise, l’objectif est d’inscrire la politique d’égalité des chances dans les milieux politiques, sociaux, et éducatifs.

Comme l’action positive présente certains risques et se trouve parfois en porte à faux avec les règles de l’égalité de traitement, sa mise en œuvre suppose une connaissance sérieuse de la situation de fait dans laquelle l’action sera utilisée pour combattre l’inégalité existante (1) . Par ailleurs, les acteurs sociaux sont quant à eux aussi des moteurs indispensables parce qu’ils participent non seulement à la contribution des informations sur la situation des travailleurs, mais également à la mise en œuvre et à l’effectivité des mesures prises (2) .

Notes
550.

Le Cambodge dispose d’un institut qui regroupe des statistiques de divers domaines notamment celles qui s’intéressent au domaine de l’éducation, c’est-à-dire le nombre des filles et des garçons, des relations de travail comme l’industrie, la comparaison entre le nombre des femmes et des hommes employés dans divers types d’entreprises ou des petites entreprises dans ce pays. Cependant, les statistiques, publiées presque toutes les années, ne sont pas très fiables. Le Gouvernement cambodgien ainsi que les partenaires sociaux devraient, s’ils souhaitent mettre en place des programmes relatifs à l’action positive en faveur d’un groupe de travailleurs, les utiliser avec prudence. Voir : National Institute of Statistics, Ministry of Planning CAMBODIA, Statistical Yearbook 2005, 517 pages.