Conclusion de la deuxième partie

L’arsenal législatif au Cambodge, même s’il reste insuffisant offre au peuple cambodgien, particulièrement dans le domaine du travail, une garantie juridique qui serait honorable si toutes les normes étaient correctement interprétées et appliquées. Cependant, la mise en œuvre de ces normes se heurte à des obstacles juridiques ou économiques. Les difficultés d’ordre juridique sont liées à l’ineffectivité de la norme due, en partie, aux fortes réticences du peuple de ce pays vis-à-vis de la loi. La norme étatique n’est considérée comme impérative que lorsque tous les moyens extra judiciaires sont épuisés. Autrement dit, cette loi étatique est classée au deuxième rang derrière les modes traditionnels de conciliation ou de médiation. C’est un phénomène d’acculturation juridique qui s’installe dans la mentalité cambodgienne. La faible application des normes est liée fortement aussi aux organes de l’État qui devraient être les gardiens du respect de la loi. Cette faiblesse vient de l’incompétence des juges et des agents de l’État chargés de veiller au respect des normes et de l’absence de moyens suffisants pour assurer le fonctionnement des institutions concernées. Dans l’ordre économique, les problèmes de pauvreté et de corruption constituent également les causes essentielles de la non application de la loi au Cambodge.

Cependant, à côté de ces difficultés, on observe aussi des aspects positifs dans la mise en œuvre des normes juridiques grâce à la volonté politique du Gouvernement et des partenaires sociaux qui y participent activement. Les réformes juridiques et judiciaires accompagnées par le projet de loi sur la lutte contre la corruption ont donné lieu à des discussions fertiles. Mais pour dépasser l’égalité formelle, et approcher une égalité réelle, une autre politique semble nécessaire. Il s’agit de la politique dite de l’égalité des chances, pratiquée aux Etats-Unis, et qui consiste à mettre en place ce que l’on appelle l’action positive afin de réaliser une véritable égalité entre les travailleurs.

L’amélioration de l’effectivité de la loi est due indubitablement aux soutiens tant matériels qu'intellectuels et financiers des pays étrangers et des institutions internationales. En ce qui concerne les organisations internationales, l’OIT et l’ONU jouent un grand rôle du fait de l’adhésion du Royaume du Cambodge à ces institutions. Elles œuvrent pour convaincre le Gouvernement cambodgien non seulement de ratifier les normes internationales du travail, mais également d’adopter une législation nationale conforme et de tout faire pour qu’elles soient respectées. La communauté internationale peut aussi faire pression de manière directe ou indirecte sur le Gouvernement pour que les citoyens, entre autres les travailleurs, bénéficient pleinement de leurs droits. La pression peut prendre la forme de la menace de diminution de l’aide internationale pour le développement du pays ou la limitation des quotas d’exportation avec exonération des droits de douane, comme le font par exemple les Etats-Unis par un accord bilatéral.