2-1- Le FLS et ses statuts

La langue seconde a la particularité d’être entre deux langues : la langue étrangère et la langue maternelle. D’un côté, l’apprenant l’identifie en tant qu’ « idiome étranger », et d’un autre, les textes officiels et les usages sociaux lui confèrent un statut privilégié. Ce statut n’est pas formellement attesté, l’appellation et la fonction de langue seconde ne sont pas officiellement reconnues.

Dans les pays où le français jouit de ce statut privilégié, plusieurs attitudes sont à noter. Pour des raisons politiques, certains pays reconnaissent le français comme langue officielle utilisée dans l’administration, l’enseignement, les relations internationales…,et ce, pour éviter de voir dominer une des langues du pays sur les autres. Il peut assumer les fonctions institutionnelles et sociales tout seul ou en partager les charges avec la langue nationale ou une des langues nationales ou une autre langue étrangère.

D’autres pays, notamment la Tunisie, préfèrent délimiter les fonctions assignées au français : il est langue de communication internationale, langue de spécialité, langue d’accès aux domaines scientifiques et techniques, une langue de culture et d’ouverture sur d’autres civilisations…etc.

Ce statut n’est pas immuable ou stable comme aurait tendance à l’être celui du français langue étrangère, il varie dans le temps et aussi dans l’espace.

Sur l’axe temporel, des changements d’ordre politique, social, économique et linguistique peuvent affecter et modifier le rôle que joue la langue seconde dans les différentes institutions officielles et au sein de la société. Dans un pays comme la Tunisie, différentes réformes pédagogiques marquent la variation de l’importance de la langue française dans le système éducatif du pays.

Sur l’axe spatial, des raisons géographiques, socioculturelles et même d’ordre affectif peuvent expliquer les différentes attitudes face au français. L’utilisation plus ou moins importante, les lieux et occasions où une telle utilisation s’avère adéquate, l’obligation ou non d’utiliser la langue française sont autant de paramètres qui peuvent jouer sur les compétences des utilisateurs. Selon M. Miled ces variables nous permettent de « mettre en évidence la fréquence d’utilisation du français, selon les milieux et par rapport à la langue maternelle ainsi que les représentations positives ou négatives sur cette langue ; elles aident aussi à délimiter des besoins langagiers dominants (en lecture et en production écrite). Elles permettent en outre de fournir des hypothèses sur les disparités particulièrement significatives constatées dans les performances linguistiques des apprenants. » (1998 : 43),