3-5-3- Le plurilinguisme tardif

Dans ce climat d’ouverture sur d’autres cultures et d’accès à d’autres langues, climat qui caractérise la situation sociolinguistique tunisienne, le plurilinguisme devient une nouvelle caractéristique de cette situation, une donne avec laquelle il faudrait compter dans l’étude et l’analyse des profils sociolinguistiques des tunisiens. Ce plurilinguisme prendrait ces origines dans le conflit arabe/ français. Le français perçu comme une menace pour l’arabe, et l’arabe ne pouvant assumer dans l’état actuel des faits le rôle de porte d’accès aux sciences et techniques, la proposition de l’anglais langue internationale par excellence, langue des techniques s’est vite frayé un chemin et a trouvé ces adeptes parmi les opposants à l’arabisation totale considérée comme handicapante et parmi les opposants à une hégémonie du français trop menaçant pour l’identité arabo-musulmane. L’introduction de la langue anglaise se fait pourtant relativement tard, mais désormais, depuis 1995, elle est une épreuve obligatoire au baccalauréat.

La politique du plurilinguisme se manifeste aussi par la possibilité d’un apprentissage d’une troisième langue, à titre optionnel, à partir de la deuxième année du lycée. Les lycéens ont alors le choix entre l’italien, l’espagnol et l’allemand.

Nous pouvons alors dire que le jeune tunisien ne se proclame pas d’une seule culture mais de deux, voire de plusieurs cultures. Le code-switching n’en est pas plus l’expression d’une baisse de compétences en français que l’expression de cette bi ou pluri-culturalité.