Conclusion

En 1993, à l’occasion d’un colloque sur « les méthodologie de l’enseignement des sciences fondamentales au secondaire et au supérieur », R. Zghal (1993) dépasse la problématique traitée et ouvre le débat sur un sujet plus global : la pédagogie universitaire. Il aborde alors entre autres la question de la communication et de la langue. En soulignant l’importance de la première dans les différents domaines politiques, économiques et sociaux, il met le doigt sur un fait important lié à la deuxième : « (…) nous prétendons former des étudiants dans des disciplines scientifiques entres autres, supposant théoriquement une haute capacité de conception et donc d’expression, mais d’un certain point de vue ces étudiants sont handicapés du fait qu’il ne maîtrisent pas la langue des enseignements qu’ils subissent ». Il se pose ensuite la question cruciale suivante : « Que peut-on exprimer quand on n’a pas les instruments de la conceptualisation ? » (op. cit. : 13). La réponse est alors comme on peut s’y attendre peu flatteuse : imitation, manque ou absence de créativité et de création (au niveau général), manque d’autonomie (au niveau de la personnalité) etc.

C’est suite aux différentes remarques faites par différents membres du corps enseignant (tous niveaux confondus) et dans un souci toujours croissant de voir se développer et progresser les différents sous-systèmes d’enseignement et, notamment, pour répondre aux attentes de l’enseignement supérieur, que « la réforme de 2000 » a vu le jour anticipant la loi d’orientation de l’éducation et de l’enseignement scolaire du 23 juillet 2002.

Selon les termes du Rapport National sur le Développement de l’Education 2000-2004, du Ministère de l’Education et de la Formation, « (…), ayant relevé, au prix d’efforts considérables et de grands sacrifices, le défi de la scolarisation de tous les enfants sans discrimination aucune, l’école tunisienne est désormais confrontée aux impératifs de qualités, d’équité et d’efficience » (2004 : 4). L’intérêt porté au développement de l’enseignement supérieur occupe alors une place importante et donne naissance à d’importantes modifications et réorientations dont la mise en place de « passerelles entres les filières et le passage d’un établissement à un autre », « le régime des trois tiers », la codification de l’enseignement supérieur privé par la loi n° 73 du 25 juillet 2000, la loi sur la création d’une université virtuelle (op. cit. : 9-11). Au niveau qui nous intéresse plus particulièrement, à savoir celui de l’enseignement des langues, ont été constatées les difficultés des élèves et des étudiants « à communiquer, à rédiger et à résoudre des problèmes » (op. cit. : 22). Un renforcement de cet apprentissage, considéré comme un apprentissage de base est effectué au travers, par exemple, de la révision des horaires qui lui sont impartis, le but étant d’arriver à une réelle maîtrise des deux principales langues enseignées à l’élève tunisien. Aussi, des filières de langues appliquées sont-elles introduites dans les universités, le but étant de contextualiser l’apprentissage des langues.

L’un des principes sur lesquels se fonde la rénovation des programmes est « La conception des programmes dans l’optique de l’approche par compétences en lieu et place de la perspective sommative et cumulative qui caractérise les programmes actuels. Il s’agit de faire acquérir à l’élève les capacités lui permettant d’accéder par lui-même à une information sans cesse renouvelée, et de s’en servir dans des situations nouvelles, différentes de celles rencontrées au cours de l’apprentissage. » (op. cit. : 24). Ce projet constitue le fondement de notre propre démarche.