Chapitre II- L’étude des textes produits : l’étude de la structuration et de la composition unitaires des textes

Plusieurs théories du texte ont vu le jour ces dernières décennies ; elles ont toutes en commun de considérer le texte non plus comme une suite de phrases mais comme un tout construit, structuré. Désormais, nous parlons de grammaire de texte et non plus de grammaire de phrases lorsqu’il s’agit d’analyser ce tout.

L’un des principaux aspects que notre analyse aborde est la cohérence. M.-P. Péry-Woodley considère qu’« on ne peut envisager la structuration des textes que comme la résultante d’une multiplicité de facteurs, dont la nature et les interactions sont loin d’être parfaitement comprises » (2001 : 3). Ce sont ces facteurs que les différents modèles tentent d’éclairer.

Nous avons rencontré lors de notre recherche des approches variées du texte et de sa structuration. Nous avons fait appel, dans notre DEA, à quelques-unes d’entre elles. Nous avons vu l’analyse thématique et les différentes manières de progresser à l’intérieur d’un texte grâce au rapport thème/rhème, connu/nouveau. Nous avons, aussi, abordé quelques éléments de la grammaire de texte et l’analyse du discours en séquence, actes etc. Mais ces méthodes ne nous ont pas apporté une satisfaction entière. En effet, la nature du discours en question et ses particularités rhétoriques et cognitives n’étaient pas, à notre sens, mises en valeur et bien exploitées avec ces deux perspectives. Ceci nous a amenés à partir à la recherche d’autres outils. Des outils qui tiendraient compte de la logique intrinsèque du discours dont il est question dans notre étude, à savoir un discours spécialisé et aussi un discours didactique. C’est là que la « Théorie de la Structure Rhétorique » ou RST intervient dans notre analyse.

L’intérêt de la RST, pour notre recherche, réside dans le fait qu’elle permet de souligner les opérations ou les relations rhétoriques les plus importantes des textes de départ et de voir si elles sont identifiées et reprises par les étudiants dans les différents textes d’arrivée. A un premier niveau, nous allons combiner cette analyse avec une analyse hiérarchique de description qui consiste à découper le texte en unités de base, sous unités de base, unités conceptuelles et unités majeures. Le rapport de conformité ou de fidélité du texte du départ (texte source) au texte d’arrivée (texte cible) sera au centre de notre étude. Une catégorisation des types de propositions relationnelles sera proposée au vu des résultats de la première analyse du passage de TS à TC ; une catégorisation qui nous permettra d’identifier les relations qui sont reprises telles quelles, celles qui sont modifiées et celles qui sont crées.

A un autre niveau, nous nous proposons d’étudier l’identification et la reprise des relations à travers l’étude des différentes étapes de la rédaction, et plus précisément à travers l’étude des phases des négociations orales qui préparent la rédaction finale. A ce niveau, la RST se combine avec un autre modèle théorique : l’analyse du processus rédactionnel. Plus particulièrement, il s’agit d’étudier comment et à quel niveau l’identification/reprise a lieu, et donc d’étudier l’importance accordée à l’opération en question et de même que les marques linguistiques choisies par les participants afin d’exprimer les relations entre les segments. Le recours à la RST permettra de déterminer, lors du passage de TS à TC ou PDN (prise de notes) à TO (oral), en quoi ce passage affecte ou non la structure rhétorique et la cohérence des différents textes produits ainsi que le rôle de certains procédés comme la compression d’information et la reformulation.

Toutefois il existe un souci majeur avec cette méthode, c’est qu’elle n’est pas encore tout à fait théorisée, les différentes propositions relationnelles ne sont pas définies et stables, de même que les notions de noyaux et de satellites.