Dans le cadre de la perspective RD, les auteurs proposent de mieux expliciter les fondements de la RST à travers « le processus d’observation », « la nature des résultats d’analyses » et « la présentation de huit aspects des séries d’analyses RST» (op. cit.). Nous reprenons ces trois points en les reliant à notre recherche.
Concernant l’observation, elle est perçue comme « une lecture guidée qui procède en recherchant des instanciations d’un ensemble prescrit de conditions». L’observateur est alors un lecteur comme les autres. Il ne fait pas appel à des compétences exceptionnelles pour interpréter les textes et les analyses qu’il effectue reflètent « les perceptions qui sont également accessibles aux lecteurs mais de façon tacite. » (op. cit. : 16).
Cette définition est donnée dans le cas d’analyse de textes ordinaires et là notre situation est différente : les textes traités, s’ils sont ordinaires pour les participants, ne le sont pas pour l’observateur. En effet, notre ignorance -ne serait ce qu’au départ- de tout ce qui se rapporte au domaine de la mécanique quantique nous a permis de nous focaliser sur la composante linguistique des textes en ce qu’elle est le reflet de la structure du texte et des informations spécialisées. Nous nous plaçons alors en tant que lecteur non-compétent qui sera essentiellement guidé par les intentions du scripteur, qu’il perçoit à travers son observation.
Concernant le résultat, il se présente sous la forme d’un diagramme qui est « une notation abrégée de l’assertion par l’observateur, pour chaque élément du diagramme, de son accord sur la définition de cet élément telle qu’elle s’applique aux parties du texte à l’étude » (op. cit. : 16-17) . Le diagramme représente alors tous les éléments du texte et leurs relations, chaque élément ayant, le plus souvent et sauf cas d’ambiguïté ou incohérence, une fonction et un rôle dans le texte. Le résultat, pour les auteurs, peut alors se passer de l’analyste pour l’interprétation, les définitions des relations, le diagramme et le texte assurant l’identification et l’interprétation des assertions.
Concernant les séries d’analyses, enfin, elles peuvent fournir plus d’informations que les analyses isolées. L’un des apports de cette méthode est celui de permettre à un même observateur, par l’application d’une même démarche, d’analyser des textes de types et genres différents. Aussi, la méthode permet-elle d’éclairer d’autres aspects quand l’analyse est effectuée par plusieurs observateurs et qu’elle souligne des accords sur les relations identifiées ou même l’acceptation des analyses effectuées par les autres. Nous ne pouvons, dans notre recherche, tirer profit de cette possibilité d’analyse (l’analyse d’un même texte par plusieurs observateurs), par contre, nous mettons à profit la première possibilité.
Les textes sont différents dans un premier cas parce que produits par deux types de spécialistes : le premier étant le professeur, spécialiste confirmé, le deuxième étant l’apprenti -spécialiste, l’étudiant. Les deux traitent les mêmes informations mais selon deux angles de vue différents. Les textes sont différents, dans un deuxième cas parce que, à l’intérieur de la catégorie apprentis-spécialistes, il existe plusieurs binômes et que nous sommes en droit de supposer ou même d’avancer que le résultat de leur collaboration sera différent.
Les séries d’analyses présentent d’autres aspects, plus précisément huit, qui pourraient éclairer l’analyse RST :
W. Mann et S. Thompson re-déterminent, malgré leurs divergences, les deux perspective RD ou TC par rapport à trois aspects qui leur sont communs : « l’intentionnalité » ou intention du scripteur, « les effets de communication » et « les unités de la RST » (op. cit. : 26-27).
Les auteurs de la RST reconnaissent que les rôles attribués par la RST, à eux seuls, ne donnent pas une explication complète de la structure textuelle, puisque les niveaux de granularité de la RST sont limités et que certains aspects tels que la cohésion et la structure d’information ne sont pas traités. Mais ils continuent, en s’appuyant sur les séries d’analyses, à voir dans le lien entre « les structures d’analyse de discours de la RST et la cohérence », « un aspect de la pertinence de la RST » (Mann & Thompson, 2001 : 18-19).