1-2-1- Les définitions

Comme le soulignent F. Boch, A. Tutin et F. Grossmann, le recours à la méthode d’analyse quantitative est classique et courant dans le genre d’étude dont il est question ici, à savoir, l’étude du passage d’un texte source à un texte cible. Il s’agit alors de traiter les données du point de vue de la quantité et du nombre des unités reprises, et du point de vue de la nature de ces unités et de leur niveau hiérarchique, le tout bien sûr dans une perspective comparatiste entre texte source et texte cible.

Les analystes procèdent alors à un découpage des textes, sources et cibles, en unités de sens dont ils identifient les hiérarchisations. Les trois auteurs reprennent alors les unités identifiées par M-L. Barbier, M. Faraco et A. Piolat (2002) lors d’une étude portant sur la prise de notes en langue seconde. Il s’agit de « quatre niveaux de structuration qui permettent de subdiviser le texte en unités et en sous-unités et de les intégrer dans une organisation d’ensemble de l’information » (Boch, Tutin & Grossmann, 2003 : 32). Nous les reprenons à notre tour :

  • les unités de bases : cette unité correspond à une information. L’identification de ces limites n’est pas assignable à celle d’une phrase. En effet, cette unité peut correspondre à un simple syntagme, cas qui, selon les auteurs, est fréquent, ou à une suite de phrases, cas qui l’est moins.
  • les sous-unités de bases : l’information que ce type d’unités véhicule est directement liée à l’information véhiculée par l’unité de base à laquelle il est lié. Le rapport entre les deux unités est un rapport de complémentarité, les informations apportées par l’unité de base étant plus essentielles et plus importantes. Concernant sa taille ou ses limites, là aussi, elles peuvent être variables et ne correspondent pas à une construction syntagmatique ou phrastique précise.
  • les unités conceptuelles : l’ensemble des deux premières unités constitue alors cette unité englobante dont les limites peuvent être identifiées et déterminées grâce à « l’organisation syntaxique des énoncés et tout particulièrement des connecteurs » (op. cit. : 32). Ces unités conceptuelles peuvent être indiquées ou résumées par des sous-titres qui en résument les thèmes.
  • les unités majeures : il s’agit encore d’une unité englobante, elle englobe les unités conceptuelles. Elles correspondent aux grands thèmes du texte et peuvent être indiquées par des connecteurs textuels tels que donc, mais.

« La méthode des juges » a été utilisée pour le découpage en unités. Elle consiste à soumettre le texte à un certains nombre de « juges » qui, en se basant sur les définitions préétablies des unités, procèdent à l’identification des unités. Ils devaient ainsi ignorer la ponctuation et la syntaxe des énoncés dans leur segmentation et effectuer une hiérarchisation des unités après une identification, dans un premier temps, des unités de base et des sous-unités de base, et dans un deuxième temps, procéder à une insertion de ces unités dans les unités plus englobantes conceptuelles puis majeures. Les chercheurs effectuaient alors une comparaison entre les différents découpages thématiques présentés par les juges pour n’en retenir qu’un seul, le plus fréquent mais aussi celui qui a obtenu un certain taux d’accord par rapport au nombre total de participants. Pour F. Boch, A. Tutin et F. Grossmann, sur six juges, le découpage n’est retenu que s’il compte au moins 4/6 occurrences parmi les découpages proposés.

Dans la suite de cette démarche, nous avons voulu appliquer cette méthode des juges sur notre corpus, mais le résultat n’était pas très satisfaisant et nous avons été amenés rapidement à abandonner cette idée. S’agissant de textes scientifiques et d’une méthode hiérarchique qui se base sur un découpage thématique, lorsque les juges étaient de formation scientifique, il leur était difficile de manipuler les différentes définitions et de les appliquer sur le texte ; et lorsqu’ils étaient de formation linguistique, les juges avaient des difficultés relatives à la matière scientifique qui obstruaient le travail d’identification et de hiérarchisation des thèmes et plus précisément des unités et des sous-unités pour lesquelles ils ne devaient tenir compte d’aucun indice de surface.

Pour contourner cette difficulté, nous avons donc été amenés à procéder nous-mêmes au découpage des différents textes en nous aidant des explications fournies par les spécialistes.