3-1-1-2- La comparaison de UB et SUB entre TS et TC

Tableau 3
  T I II III
  TS TC TS TC TS TC TS TC
UB 45 36 9 4 13 14 23 18
SUB 39 18 2 3 19 9 18 6
UH 19 2 5 0 7 0 7 1
Tout U 103 56 16 7 39 23 48 25

Globalement, le texte a subi un travail de réduction de presque la moitié, et ce, dans chaque partie aussi. Toutefois, cette réduction touche de manière différente les unités selon leurs natures et à l’intérieur de chaque partie. Alors que le nombre de UB de tout le texte est peu réduit (nous passons de 45 à 36, d’où un pourcentage de réduction de 20%), le nombre de SUB passe de 39 à 18 (une réduction de plus 50%). Dans l’introduction, ce sont les unités de base qui sont réduites de la moitié ; dans II, ce sont les SUB qui le sont, au même pourcentage ; et dans III, le nombre de SUB est réduit au tiers (passe de 18 à 6). Toutefois, les unités les plus touchées par la réduction ou la suppression sont les UH. Elles sont entièrement supprimées dans I et II et seulement une unité (de 7) est gardée dans III.

Les chiffres n’indiquaient pas le même rapport entre les UB et les SUB dans le texte source que dans le texte cible. Le nombre des deux unités était presque équivalent dans TS et on pouvait même voir à l’intérieur de la partie II, par exemple, un nombre de SUB beaucoup plus élevé. Nous constatons que le rapport entre ces deux unités a complètement changé pour tout le texte mais aussi pour chaque partie.

Dans l’introduction de TS, le nombre de UB était quatre fois plus élevé que celui des SUB ; dans TC, le nombre des deux unités est presque le même. La nature des SUB n’est pas sans importance. En effet, nous passons de SUB exemples et SUB explications à des SUB explicatives/justificatives.

Dans II, le nombre de UB est presque une fois et demie plus grand que celui des SUB. Le passage au TC a ainsi complètement inversé les données. En effet, le nombre de SUB au départ est presque une fois et demie plus important que celui de UB ; à l’arrivée, il est réduit de plus de la moitié alors que le nombre de UB a légèrement augmenté. Il y a une sorte de rééquilibrage des données : cette partie était essentiellement constituée d’exemples et de données. Ce sont ces SUB qui ont subi le travail de condensation puisque, désormais, cette partie ne compte plus que 4 SUB exemples sur 9 SUB au total et 2 données sur 9 (mise à part le nombre de sous-unités explications/ justifications qui passe de 2 à 3).

Dans III, au passage à TC, le travail de condensation a fait son œuvre mais de manière plus conséquente encore sur les SUB en les réduisant au tiers. Comme dans les deux autres parties, certaines SUB sont plus touchées que d’autres. Là où le nombre de SUB explications/ justifications a légérement augmenté, les données/ déterminations fortement sont réduites (de 12 à 2).

Le passage de TS à TC s’accompagne aussi d’un phénomène assez important : augmentation du nombre de certaines unités par rapport à celui du départ ; dans l’introduction nous passons de 2 SUB à 3 dans TC et, dans II, nous passons de 13 UB à 14. A l’intérieur même des sous-unités, nous passons, dans l’introduction de 1 sous-unité explicative/ justificative, à 3 ; de même dans II, pour les mêmes SUB, nous passons de 2 sous-unités à 3. Dans tout le texte, ces mêmes unités ont vu leur nombre passer de 6 à 9. Ce qui peut être expliqué de deux manières : des unités ont été ajoutées, ou alors des unités ont changé de statut ou de catégorie.

Les unités de base semblent plus réintroduites dans les textes cibles que les sous-unités de base. Ces résultats vont dans le sens des hypothèses qu’on peut poser à partir « de phénomènes largement attestés en compréhension de texte. » (Boch, Tutin & Grossmann, 2003), à savoir que des unités de base sont plus présentes que des sous-unités, en partant du principe que ces dernières sont moins importantes sur le plan informationnel et hiérarchique que les premières censées être les informations de base, « des unités majeures et constitutives de la macrostructure, c’est-à-dire du résumé de texte. » (op. cit.). Ca serait là une preuve d’une bonne compréhension du sens profond du texte, preuve qu’il faudrait manipuler avec prudence. En tout cas, d’après les observations de Boch, Tutin et Grossmann, introduire plus de sous-unités que d’unités serait, quant à lui, à interpréter comme la manifestation d’une compréhension erronée du texte source.

D’un autre coté, les changements dans le taux de réintroductions des différentes catégories de SUB est lui aussi important. Les exemples, quoique moins nombreux, gardent le même rapport par rapport au nombre total des SUB (à peu près un quart) ; les explications/ justifications passent de 1/7 du total SUB à la moitié ; enfin, les données/ déterminations passent de la moitié à un quart des SUB dans tout le texte. Nous sommes tentés de dire que pour les étudiants les explications et les justifications jouent un rôle plus important que les définitions et les déterminations. Elles sont non seulement reprises dans le cours, mais aussi « créées » en cas de besoins. La question à laquelle nous essayerons de répondre plus loin dans l’étude des manipulations linguistiques est la suivante : d’où viennent ces explications et ces justifications ?