1-2-1-1- La matière retenue : quantité et nature

Nous avons déjà souligné dans l’analyse des textes définitifs que le passage du texte source au texte cible s’est accompagné d’une condensation plus ou moins importante selon les groupes. Nous avons identifié trois catégories de groupes : « les conservateurs » sont ceux qui restent attachés au TS comme les membres de G1 ; « les libérés » sont ceux qui se détachent le plus de TS comme G3, G4 et G7 et « les modérés » sont ceux qui optent pour un juste milieu entre les deux comme G2. Toutefois, les groupes présentent des données récurrentes et constantes d’un groupe à l’autre et c’est le cas aussi pour les prises de notes.

Les informations qui reviennent alors d’un binôme à l’autre et d’une prise de notes à l’autre sont, globalement, relatives :

  • Au rapport de la notion de trajectoire et d’indiscernabilité en mécanique classique et en mécanique quantique
  • Aux deux types de particules, bosons et fermions et leurs exemples
  • Aux fonctions des systèmes de N bosons et N fermions.

D’autres notions sont jugées inappropriées par les uns mais sont, quand même, retenues par les autres. Ces dernières informations sont jugées importantes et indispensables à une bonne compréhension. C’est le cas des données suivantes :

  • Les notions de rappel : ces notions traitent de points d’appui importants pour le cours mais elles font partie d’un ensemble de données que les participants perçoivent comme acquis. Elles sont surtout vues pour leur trait de déjà connues et donc sont classées parmi les notions périphériques. La notion de particules identiques n’est alors retenue que par G1, celle de trajectoire est vaguement soulignée par G4 et elle est plus ou moins traitée par G7 et G2, et celle de l’hamiltonien est reprise avec plus de données dans G7 et G2 que dans G1 et G4. G3, lui, ne reprend aucune de ces notions.
  • Les démonstrations et les justifications : ces notions ne sont pas perçues en tant que fin en elles-mêmes et en tant que données à retenir mais plutôt en tant qu’étapes qui préparent et indiquent les véritables données à retenir, c'est-à-dire les résultats et les conclusions. C’est le cas de la démonstration liée à l’expression de la symétrie de la fonction d’onde, de la justification du recours à la combinaison linéaire pour la fonction des bosons, de la démonstration de la possibilité qu’un même état peut être occupé simultanément par plusieurs bosons, de la justification du recours au déterminant de Slater pour la fonction des fermions, la justification du principe de Pauli. La majorité de ces données n’est retenue que dans les prises de notes de G1 et G2 alors que G4 occulte même l’expression du rapport entre le type d’état, symétrique ou antisymétrique, et la particule qui lui correspond, bosons ou fermions, et passe directement à la détermination de ces particules, et que, encore une fois, G3 ne retient aucun de ces éléments potentiels.
  • Les exemples et  les données : ils ont été identifiés, dans l’étude hiérarchique, comme étant des éléments qui, certes, complètent les données du cours et permettent d’en constituer une vision plus globale mais qui sont secondaires et donc ne pénaliseraient pas la qualité des productions. C’est le cas de l’exemple d’une fonction de fermion, la détermination du système, des coordonnées de la particule, la convention du déterminant de Slater. Ils sont sélectionnés dans les prises de notes de G1 et G7, peu présents dans la prise de notes de G2 et inexistants dans celle de G3 et de G4.

La conséquence liée au déterminant de Slater et l’application servant la comparaison à T=0K présentent un cas extrême. En effet, elles sont toutes deux retenues par la majorité des groupes mais sont absentes, par exemple, de la prise de notes de G3. G1 présente un cas unique d’hésitation se soldant par la rature d’un élément inscrit ( (45)’).

La prise de notes est, ainsi, un moment de sélection plus ou moins important selon le groupe. Ce moment répond au besoin de stocker des informations de manière plus ou moins intense et de manière à s’assurer de la sauvegarde d’un nombre plus ou moins important de données. Le recours à une prise de note linéaire est alors le meilleur moyen de réaliser ce but. Economique et rapide, cette méthode permet de prendre les notes dans l’ordre sans trop d’interrogation sur la structuration et les liens existants entre les éléments. Ce qui fait que certains éléments importants sont parfois occultés et d’autres, moins importants, sont gardés. Le G1, dont la prise de notes « rédigée », très fidèle au texte source, a été étudiée dans le chapitre précédent, ainsi que K de G7 sont les participants qui ressentent le plus le besoin de s’assurer d’une sauvegarde de données la plus efficace possible et donc la plus fidèle possible ne serait-ce que par rapport à la quantité de matière traitée. Ils sont suivis de G2, M de G7, G4 et, enfin, moins soucieux de la question, G3.