1-2-1-2- Le retraitement des données

Les prises de notes linéaires produites par nos participants présentent, toutefois, quelques aspects que nous pouvons relier à la méthode planifiante. En effet, les noteurs accordent une attention particulière aux éléments de hiérarchisation. Certes, ces traces sont reconduites du texte source, mais elles répondent aussi aux besoins d’ordonnancement chez les participants. Ces éléments leur permettent de s’assurer d’une sauvegarde de données claire et complète, les marques de hiérarchisation les renvoyant aux données importantes du cours, elles aussi hiérarchisées, et permettant d’établir et de garder en perspective les correspondances entre les éléments du cours et les éléments sélectionnés et repris.

De plus, certains binômes procèdent au reclassement des informations. C’est le cas pour G2 qui restructure l’introduction en s’appuyant sur un point non explicité dans le cours qui est l’opposition entre la mécanique classique et celle quantique :

La cohérence est ainsi déconstruite pour être reconstruction dans la prise de notes de G2 à travers l’enchaînement de quatre points qui s’opposent deux à deux. Dans le cours, ces éléments ne se suivent pas, la MC et MQ ne sont pas directement mises en rapport sur chaque point. Un effort de redistribution et de restructuration de ces données a été fourni par les noteurs, un effort qui part d’une compréhension et d’une maîtrise de ces données.

Dans G3, l’expression d’une certaine appropriation de la matière scientifique se traduit aussi par le recours à une re-planification de quelques éléments lors de leur PDN. Ainsi, les exemples des deux particules sont introduits dans l’ordre : bosons puis fermions, c'est-à-dire l’ordre inverse de leurs introductions dans le cours. Mais il s’agit là de l’ordre adopté dans le cours, juste avant les exemples, pour l’introduction des systèmes équivalents. Le système symétrique, dont les particules sont les bosons, était introduit avant le système antisymétrique dont les particules sont les fermions. Les étudiants adoptent alors cet ordre mais il est difficile, à ce stade, de dire si ceci relève d’un choix conscient ou d’un reclassement spontané. Dans les deux cas, un certain degré d’appropriation est sous-entendu.

Comme nous l’avons dit dans le cas d’une PDN planifiante, le noteur a recours à une mise en place des éléments sélectionnés qui optimise l’utilisation de l’espace de la feuille et qui hiérarchise les informations. L’usage de titre et de sous-titre, de numérotation, et d’autres marques typographiques comme les alinéas, les tirets, les deux points, les soulignements etc. sont autant d’éléments importants et significatifs, non pas parce qu’ils représentent des traductions d’éléments sonores ou écrits, mais parce qu’ils traduisent une partie de la cohérence et de la structuration des informations. La structuration de l’introduction est ainsi soulignée par les participants de G4. Ces derniers s’écartent de leur texte de départ et redonnent même une nouvelle numérotation aux différentes parties et aux sous-titres : l’énoncé du postulat est présenté en « 1) », le « III » passe alors en « II ».