1-2-2- La dimension spatiale et les codes graphiques

L’espace de la feuille est exploité différemment d’un groupe à l’autre, ce qui fait que les informations s’offrent différemment à la lecture de ces notes. Selon les espaces exploités ou non, les différentes ponctuations, tirets, et blocs informationnels plus ou moins marqués, l’alternance code naturel/ code graphique, les manières de gérer et d’exploiter ces alternances, les informations sont mises en relief et rentrent dans un rapport de « continuité », « rupture » et « hiérarchie » (Piolat, 2001 : 56) dont le schéma est plus ou moins perceptible à la surface de la feuille. Ce schéma reflète alors le réinvestissement, plus ou moins important, de la compréhension des informations lors de la prise de notes, un réinvestissement qui diffère selon les groupes.

G1 présente une prise de notes denses où les espaces sont exploités au maximum et où la taille de l’écriture, petite, aide à produire et renforcer cet effet de densité. Mais aussi, ces éléments combinés ne permettent pas la mise en relief de certaines informations qui se présentent sous la forme de bloc où il est difficile, à première vue, de délimiter les éléments notés. C’est le cas pour l’ensemble d’éléments (10) à (17) : (10) est un sous-titre à peine signalé par le chiffre arabe « 1) ». Sa longueur (presque deux lignes), l’absence d’espace ou autres traces graphiques (deux points) qui marqueraient la fin de ce sous-titre, font qu’il est facile de ne pas apercevoir cet indice de hiérarchisation des données et de le confondre avec la suite de données qui se présentent sous la forme d’un bloc. De plus, dans ce bloc, nous notons l’absence d’alinéas, de majuscules (ou presque) et de ponctuations. Le tout contribue à créer l’effet d’un choc visuel incompatible avec une vision de la prise de notes comme le reflet d’une compréhension structurée et structurante du discours de départ.

Cette utilisation intensive de l’espace et la condensation de données sont reconduites des notes du cours à partir desquelles les noteurs de G1 prennent exemple. De même, c’est en s’appuyant sur les notes du cours que quelques marques sémio-graphiques sont utilisées comme le crochet pour énumérer les deux états dans l’élément (21), les tirets pour énumérer les exemples de bosons et de fermions dans (27) et (28), les encadrés, les soulignements des sous-titres. Mais l’impression générale offerte à la lecture de ces notes est plus claire : l’organisation visuelle des notes obstrue l’accès facile à leur structure. L’exploitation de la compréhension n’a pas été opérée à plusieurs niveaux.

Les groupes 2 et 4, quant à eux, présentent des prises de notes où l’exploitation graphique et visuelle de l’espace de la feuille est perçue différemment. L’écriture est plus aérée, des retours lignes, combinés avec l’utilisation de la ponctuation et des majuscules, permettent de délimiter les informations. Des alinéas, des entêtes (des points) comme pour les éléments (2) et (3), (5) et (6) de la PDN de G4, permettent de lire comment s’organisent les informations. L’utilisation des flèches souligne des rapports directs d’interdépendance et de déduction entre les éléments. Le travail sur la compréhension est alors perceptible à la surface de la feuille.

Toutefois, certains des procédés et marqueurs graphiques ne sont pas assez ou sont trop exploités. C’est le cas des astérisques dans la PDN de G3. L’effet d’énumération produit par ces dernières, place plusieurs informations de niveaux différents sur le même niveau. A ceci vient s’ajouter l’abréviation, qui prend des allures de manque d’investissement, et la quasi-absence d’indices de hiérarchisation ce qui ne permet pas de préfigurer la structuration des informations. La PDN de G7 souffre aussi d’un manque de structuration et de hiérarchisation. Les alinéas sont surexploités, ce qui ne permet pas d’identifier les emboîtements entre les informations, et les entêtes et la ponctuation sont quasi inexistants, ce qui ne permet pas de visualiser les blocs informationnels et les paragraphes. Les effets s’en ressentent alors sur la qualité des prises de notes, leur lisibilité et leur efficacité.

Le modèle de départ, celui du cours et donc celui mis en place par le professeur, reste néanmoins un modèle de base pour les prises de notes et une source d’inspiration même si certaines libertés sont opérées, traduisant, ainsi, une compréhension des informations et la volonté d’agir sur elles par l’intermédiaire de notes un peu personnelles et personnalisées. Les codes graphiques sont, pour la majorité, inspirés de ce modèle de base mais surtout, ils font référence à un domaine d’appartenance plus large, celui du domaine de l’écrit scientifique.