3-1-1-1- L’oralisation du texte rédigé

Cette manière de procéder, souligne E. Nonnon (2002), implique, pour être efficace, des compétences variées relatives à l’écriture, à la lecture et à l’oralisation, des compétences qui atténueraient la difficulté et le décalage entre les deux modes d’expressions. En effet, il n’est pas toujours aisé d’oraliser certaines phrases aux structures trop simples ou inversement trop chargées. Des opérations de rattrapage et de reformulations sont alors effectuées à vif. La meilleure manière d’éviter la gêne occasionnée est de s’assurer un support rédigé efficace qui passerait alors par la mise en place de « certaines formes de thématisation, un appui sur des éléments verbaux plutôt qu’une grande densité de noms, des subordonnées à droite du verbe plutôt que l’inverse » (op. cit. : 80). Ce support devrait tenir compte aussi d’une bonne délimitation des thèmes traités et du recours à des passages récapitulatifs. Ces choix s’accompagnent sur l’espace de la feuille par une typographie espacée et des passages blancs signalant les changements de thèmes et les pauses, et rythmant l’exposé. La lecture, quant à elle, serait anticipatrice, c'est-à-dire que le lecteur procède sur la base d’un décalage entre ce qu’il voit sur sa feuille et ce qu’il verbalise. Il s’appuie alors sur sa connaissance du sujet et de la structure de son texte.

Au niveau de l’oralisation à proprement parler, l’orateur expert, tel que le décrit C. Nonnon, fait appel à des éléments d’oralité intonatif, rythmique et aussi linguistique. Il ajoute alors à son discours des appuis énonciatifs (et, et puis, eh bien), des marqueurs de structurations verbaux et paraverbaux (alors, bon, donc), des répétitions, des reprises etc. ; et parfois même le lecteur modifie quelques éléments tels que la structure, les anaphores donnant ainsi l’impression d’un oral en cours de construction. Certains, même, opèrent une double oralisation : une première conforme à leur écrit et une deuxième qui en est la paraphrase - ce double travail se faisant sur des segments délimités et non sur tout le texte en bloc.

Les compétences dont il est question, ici, sont acquises par la pratique et l’expérience. Faire face à la nécessité de regarder son auditoire, et dépasser la gêne créée par certaines structures de l’écrit, difficilement transposable à l’oral, peuvent toutefois nécessiter plus que de l’expérience : un apprentissage explicite (Nonnon, 2002).