3-2-1-2- La réalisation

La réalisation de la tâche d’oralisation varie selon les groupes, le degré d’implication des membres, leurs conceptions de l’exposé, leurs habitudes scolaires, mais aussi de leurs personnalités et du rôle joué dans la phase précédant l’exposé. Nous sommes alors face à trois situations :

Certains procèdent à un partage de l’exposé, de la tâche d’oralisations selon des ensembles de données. Les données ne sont pas pré-délimitées ce qui fait que la prise en charge de l’oralisation se fait sur le tas et suivant les signalisations hiérarchiques des éléments dans le cours. Dans l’exposé du premier groupe, les deux participants, B et M-S, effectuent un partage rigoureux des tours de paroles : chacun énonce un des trois grands éléments du cours indiqués par un chiffre romain avec division du dernier élément jugé trop long pour être pris en charge par un seul orateur. Dans l’exposé de G3, de faibles incursions dans le temps de paroles de l’autre sont effectuées de part et d’autre, mais K, même si elle revendique ce partage, tend à dominer l’exposé par le rôle de synchronisateur de tour de parole qu’elle s’est attribué. C’est elle qui annonce la prise de parole par L, qui la lui cède en fait, mais elle n’attend pas que L en fasse de même. En effet, elle reprend son exposé sans prévenir sa collaboratrice.

Pour d’autres, l’énoncé se fait en tandem, presque de manière double. Les éléments sont présentés l’un après l’autre par l’un ou l’autre des orateurs ou, parfois, présentés par l’un et repris par l’autre. Pour les participants de G4, l’exposé se construit de fil en aiguille, presque au hasard. Ils se lancent et improvisent. Ils se cèdent la parole, se l’arrachent, s’interrompent et se corrigent. Avec ces orateurs, l’exposé gagne certes en spontanéité et naturel, mais il est souvent associé à une lutte pour prendre et reprendre la parole.

D’autres encore organisent cette étape en s’appuyant sur les différents rôles joués dans la préparation de l’exposé. Ainsi, l’un des membres de G2 laisse à l’autre le soin de faire l’exposé. Son argument pour cela est que, pendant la première étape, il a pris en charge presque entièrement la prise de notes. Résultat : N cède presque entièrement la parole à Z et se contente d’intervenir pour des corrections minimes.

Et, enfin, d’autres orateurs se partagent plutôt les rôles que les données. Dans G7, l’un des orateurs, M, amorce l’exposé au moyen des questions mises en place précédemment et l’autre, K, apporte les réponses. M se garde toutefois le droit d’intervenir dans les réponses de K et sur leur pertinence par rapport aux questions posées. Il essaye, donc, de les recentrer selon ce qui était plus ou moins convenu lors de la mise en place des questions et en s’appuyant sur les éléments de la phase d’explication du cours.

Entre préparation et réalisation, les exposés se dessinent sous des traits différents. Faisant appel à leurs souvenirs et à leurs expériences qui remontent le plus souvent au lycée, ils tentent de palier aux difficultés que présente leur tâche dans les meilleures conditions possibles. Leurs productions orales varient alors entre un exposé scolaire pur et dur où ils se cantonnent à lire les différentes notes, surtout celles du cours, et entre discours qui se veut didactique et qui se construit dans l’interaction.