3-2-2-2- Le discours didactique

Les différentes oralisations produites par les participants présentent des moments énoncés sur un modèle différent de ceux décrits plus avant. Ce modèle présente une prise en charge et une réalisation de la tâche qui opère sur un mode aux caractéristiques particulières, celui du discours didactique. Parmi ces caractéristiques, nous avons :

Comme le ferait un enseignant, M introduit des validations brèves « oui » pour signaler à K qu’il est sur la bonne voie et qu’il donne la bonne réponse, lui pose des questions pour l’inciter à continuer et à compléter sa réponse.

Il fait appel à un autre des procédés propres aux cours énoncés par les professeurs à savoir celui d’attirer d’avance l’attention des apprenants sur un point en l’annonçant ce qui met les apprenants en attente de cet élément et ce qui permet son identification plus facile et plus rapide.

La distinction entre les deux types d’oralisation, l’exposé oral et le discours didactique, répondent plus aux besoins de l’organisation de nos données qu’à une véritable dissociation entre les deux. En effet, nous retrouvons des traces de l’un et de l’autre type dans la même production orale. Les deux modèles, scolaire et professoral, se mêlent et se s’enchevêtrent avec des tendances de domination pour l’un plutôt que pour l’autre selon les groupes et selon les notes réalisées.

G4 et G7 sont des exemples de la combinaison des deux types d’oralisation : d’un côté, la paraphrase de notes et de l’autre la construction d’un discours didactique qui s’appuie sur l’interaction avec l’autre co-producteur et qui reproduit les échanges professeurs/ apprenants. A cette différence près que les deux groupes s’appuient sur des notes différentes et de manières différentes aussi. G4 s’appuie sur leurs nouvelles notes mais la nature de ses notes peu construites laisse plus de champ et d’espace à la créativité et l’interaction avec le co-producteur, d’un côté, et, de l’autre, avec l’éventuel auditoire. G7, quant à lui, s’appuie sur les notes de départ, celles dictées par le professeur - leur PDN ayant abouti plus à une ré- explication du cours qu’à des notes ré- exploitables. Mais, en plus, ce groupe met en place des questions qui orientent le retraitement des notes vers une construction de discours didactique, ce qui fait que leur exposé n’est pas à considérer uniquement comme une lecture ou une oralisation de ces notes. Toutefois, ce groupe semble quelque peu perdu entre un support plutôt classique représenté par les notes de cours et un support qui laisse plus de place à la créativité surtout que cette créativité n’est pas bien canalisée au moyen de questions claires et structurées.

Les participants du G1 aussi, par moments, semblent conscients des enjeux didactiques de leurs interventions et tentent - conformément à la consigne - de tenir compte de leurs éventuels élèves en leur adressant des récapitulatifs et des avant-goûts sur ce qui leur sera présenté. A quelques moments de leur exposé, ils font des rappels et marquent des liens avec ce qui a précédé ou ce qui va suivre afin d’en faciliter et diriger la compréhension. Mais ce groupe s’appuie pour son exposé sur les notes du cours et sur les notes personnelles qui sont souvent un calque presque parfait des premières et qui contiennent autant de passages pré-rédigés. Ces éléments d’appui conditionnent alors leur production orale qui se rapproche alors inévitablement plus de l’exposé que de l’oralisation spécialisée.