3-2-3- Le jeu de rôles

La question que nous nous posons à ce niveau de l’étude est comment la tâche est-elle prise en charge ? Nous constatons alors que, pour la majorité des exposés, les orateurs s’expriment sous le pronom indéfini « on » et que le degré d’implication dans le discours qu’ils tiennent est plus ou moins important. Toutefois, certains participants se prennent au jeu et laissent leur « je » prendre la parole. C’est le cas de L, de G3, quand il annonce la prise de la parole par sa « collègue » à la fin de -185- et en -191- et quand il parle à la première personne deux fois en -188-. H de G4 en fait de même - c'est-à-dire qu’il laisse s’exprimer son « je » en -244- ; ainsi que K, de G7, en -198- et M, de G7, en -231-. B de G1 quant à lui, hésite entre l’expression du « je » avec les pronoms « je » et « on » dans « je vais avoir », « si je prends », « on a dit », « qu’on a déjà parlé » à -472- ; et entre l’expression du « on » scientifique et collectif à la fin de -472-. B s’approprie même le déterminant « mon déterminant » en -473-. M-S se prend à ce jeu d’hésitation entre « je » et « on » en -511-.

Conscients de l’enjeu présent et du rôle futur, professeurs et/ou étudiants, spécialistes et apprentis, les orateurs le sont à la fois et à tour de rôle, l’un par rapport à l’autre. Par exemple, dans G4, H domine l’exposé et arrive à avoir des interventions plus ou moins longues. Il n’arrête pas de reprendre les informations de K quand il lui cède la parole ou quand K arrive à la lui arracher. Il se rapproche ainsi du discours que tiendrait un professeur, reprenant, reformulation, corrigeant les propos de son élève, et effectuant des expansions à partir des interventions de son collaborateur. A la fin du tour -268-, H reproduit même le modèle de l’échange ternaire que nous retrouvons souvent dans le discours professoral et qui en est pour ainsi dire une des caractéristiques, à savoir question/ réponse/ validation :

H pose la question, attend la réponse de K et la valide par une paraphrase. Ensuite, il prend appui sur cette réponse pour avancer d’autres informations. Mais là où il semble trouver ses marques dans la réalisation de ce genre d’exercice et semble plutôt à l’aise, K, du même groupe, semble avoir des difficultés à en faire de même, en partie, à cause de H mais aussi à cause de l’image qu’elle a de cette tâche. En effet, les interventions de K sont plus conventionnelles et plus proches d’une exposition des informations qui se veut brève et claire plutôt qu’ « interactionniste » et didactique. C’est ce qui amène, justement, son co-producteur à combler ce qu’il perçoit comme exposition incomplète et à étoffer les propositions de K.