1- Quelques éclairages théoriques

1-1- L’interaction et le discours oral

Depuis M. Bakhtine et l’introduction du concept de dialogisme et de polyphonie, l’étude des interactions verbales ne cesse de se voir compléter par l’apport d’autres domaines. On peut énumérer, l’anthropologie et la théorie du comportement humain, la philosophie et les réflexions sur l’illocutoire et l’implicite, la sociologie et la notion de face, la théorie de Ducrot et les enchaînements d’actes dans le discours 42 . Ce dernier courant, avec les travaux de M. Bakhtine, ont le plus influencé E. Roulet.

Ce dernier étudie les interactions en ce qu’elles ont en commun. Pour cela, il commence par identifier cinq niveaux ou « rangs de structure ».

  • L’incursion (ou interaction) : Délimitée par la mise en contact des interlocuteurs puis leur séparation, elle s’analyse en plusieurs transactions.
  • La transaction : délimitée par le traitement d’un thème donné, elle s’analyse en échanges coordonnés, elle peut être marquée par des commentaires méta-discursifs.
  • L’échange : s’analyse en trois interventions en général liées par des fonctions illocutoires initiatives et d’autres réactives mais peut être prolongé en cas de réactions négatives. E. Roulet reprend les deux types d’échanges de E. Goffman : échanges confirmatifs (à fonction « marginale » d’ouverture et de clôture) et échanges réparateurs plus centraux dans le modèle proposé.
  • L’intervention : elle s’analyse en actes de langage : acte principal ou «directeur » et actes subordonnés facultatifs qui le précèdent ou le suivent (de préparation ou de justification). Dans une intervention, les actes sont reliés par des fonctions « interactives ». Rappelons que l’intervention, unité théorique postulée par E. Roulet à la suite de Sinclair et Coulthard (1975) se différencie du tour de parole, unité « pratique », pré-théorique mise en avant par les ethnométhodologues. Un tour de parole peut contenir plusieurs interventions.
  • L’acte de discours, unité minimale que Roulet distingue des actes de langage d’Austin et Searle.

Notes
42.

Pour plus de détails, voir introduction de ROULET E. et al. (1987) L’articulation des discours en français contemporain. Berne, Lang