a. La reformulation

La reformulation est « un processus rétroactif qui vient compléter après coup un constituant présenté pourtant comme se suffisant à lui-même dans un premier temps. » (Roulet, 1987 : 115-116).

Le locuteur soucieux de produire des énoncés clairs et qui n’amènent pas à l’ouverture de négociations subordonnées peut percevoir son énoncé comme incomplet et n’assurant pas la complétude interactive. Il prévoit ainsi la réaction de son interlocuteur et l’évite en reprenant ses propos dans un « mouvement discursif (…) plus propre à satisfaire à la complétude interactive » (op. cit. : 118).

Il change aussi de point de vue énonciatif et subordonne les propos incomplets à ceux plus complets, rétroactivement. Il s’agit dans ce cas d’une auto-reformulation.

Mais la reformulation peut être effectuée par l’interlocuteur qui, toujours dans un mouvement de subordination rétroactive, tente d’adapter les propos de l’autre à ses propres paramètres de complétude. Cette reformulation peut correspondre chez E. Roulet au phénomène de diaphonie où l’énonciateur ne se contente pas de réagir sans la toucher, à une parole présente ou de se référer à des paroles absentes, il commence par reprendre et réinterpréter dans son propre discours la parole du destinataire pour mieux enchaîner sur celle-ci.

Des connecteurs reformulatifs assurent et signalent le mouvement de subordination et soulignent le type de changement de perspective effectué. Ils peuvent spécifier l’opération qui amène le changement (comme « en fin de compte », au « fond ») ; ils peuvent indiquer (ou non) que l’opération porte sur la totalité des éléments envisagés (comme « somme toute », en somme, « après tout ») ; ils peuvent aussi indiquer (ou non) la dimension temporelle de l’opération, (comme « en fin de compte », tout « compte fait »).