2-1-6- Données croisées et conclusions

De manière générale, et pour tous les groupes, le début de la réalisation de l’une des trois productions attendue est signalé par l’introduction du premier élément du cours qui est généralement le titre de la leçon ou l’introduction. Le passage d’une production à une autre est marqué par l’introduction et la mise au point, orale ou écrite, du dernier élément à traiter dans le cours. Il correspond, généralement, aux diagrammes à T égale 0 des états des bosons et des fermions. Peu d’éléments explicites ou de propos méta sur la planification ou la procédure sont signalés. Malgré nos vives recommandations, les participants s’empressent d’arrêter le magnétophone chaque fois que la pression devient trop forte, qu’ils se sentent bloqués, qu’ils veulent discuter librement ou qu’ils veulent marquer une pose. La coupure de l’enregistrement marque souvent, dans ce dernier cas de figure, la fin d’une tâche.

Les stratégies adoptées par les groupes sont variées ainsi que les résultats. Les longueurs des séances de travail vont de 222 à 476 tours de paroles et, à l’intérieur de ces séances, le temps et les efforts consacrés à chacune des étapes varient aussi. L’attention qu’ils accordent à la réalisation de certaines phases de leur tâche et la priorité donnée à certains points varient entraînant la variation des coûts des différentes réalisations. En voici les résultats :

Coût total en tours de parole (C. tour) et coût moyen (C. m) par types d’actions et par phases
Coût total en tours de parole (C. tour) et coût moyen (C. m) par types d’actions et par phases

Par exemple, pour les groupes 1 et 3, la stratégie adoptée est le résultat d’une focalisation sur les actes subordonnés souvent au détriment des actes liés à la (re)-formulation- inscription. Ainsi, pour G1, toute une transaction de 266 tours de parole est consacrée au traitement des données du cours sans qu’aucune notation ne soit effectuée. Pour G3, 149 tours de parole n’ont abouti qu’à l’inscription sommaire et peu significative de 11 éléments alors que d’autres éléments ont été traités. Ceci nous pousse à avantager l’hypothèse d’un désintéressement voulu par rapport à la prise de notes. La mise en mots, pour les deux groupes en question est, semble-t-il, si elle n’est pas perçue comme secondaire aux différents actes de sélections, explication, organisation, elle n’est pas perçue comme la réalisation ultime, l’aboutissement logique et attendu de toute la tâche..

De plus, pour ces deux groupes, les coûts sont les plus élevés. Pour les deux, les premières phases de travail, qu’elles soient de discussion globale pour G1 ou de prise de notes pour G3, n’ont pas permis de faire des économies lors des traitements des textes rédigés. Et pour cause. Les étudiants, devant l’absence d’un support propre à eux, sont amenés à reprendre les éléments de leur texte dans le cours, et aussi à retraiter les données autant par rapport à la tâche principale de (re)-formulation- inscription que par rapport aux autres niveaux de la tâche. En effet, les premières discussions se situent relativement loin par rapport au moment de la rédaction et n’ont de traces que dans leurs mémoires. La charge cognitive est plus lourde et la tâche en devient plus coûteuse. Le besoin de reprendre les différentes actions se fait alors sentir :

La prise de notes n’est pas perçue comme une étape préparatoire et peut-être facilitatrice des étapes suivantes. Elle est mal gérée et même mal vécue par les participants à cause de sa mauvaise gestion.

Les autres groupes, eux, font l’économie de ce double effort de mémorisation et de re-discussion en n’espaçant pas beaucoup les moments de discussion de ceux de la prise de notes et en travail sur des blocs informationnels réduits. Et même, pour certains éléments de la prise de notes de G4 ou des prises de notes de G7, les deux moments sont concomitants puisque le traitement se fait élément par élément. L’attention est tournée vers les actes subordonnés lors des phases de discussions qui précédent la notation, certes, mais les participants accordent de l’attention et de l’importance à la mise en mots et l’inscription, si ce n’est plus, en tout cas autant qu’aux actes préparatoires et évaluatifs, et ce, lors des phases de notation. Le travail de prise de notes, pris au sérieux et reconnu comme objectif à réaliser, permet d’alléger la charge cognitive surtout relative aux actes subordonnés lors des rédactions. G2 et G4 réalisent même une économie sur l’acte principal lors de la rédaction. D’ailleurs, G2 présente la gestion de tâche la plus économique des cinq groupes.

Le coût des prises de notes varie d’un groupe à l’autre, mais nous ne pouvons attribuer ceci au recours à une stratégie plutôt qu’à une autre. Toutefois, ce que nous pouvons avancer plus sûrement est que la gestion plus ou moins réussie de la phase de prise de notes a permis à ces trois groupes de faire de grandes économies lors des rédactions des textes définitifs. De plus, le recours à une seule stratégie lors de cette phases a permis d’en réduire le coût moyen total par élément (rapport du nombre d’interventions pour PDN/ nombre d’éléments notés) comme pour la prise de notes de G2 et de G7. Nous ne cherchons pas à généraliser de tels résultats mais nous pouvons toutefois occulter les rapports entre certains faits.

De plus, nous avons noté, à travers les différentes séances de travail, que certaines données sont plus coûteuses que d’autres. Les deux tableaux suivants résument, par groupes, les données sur le nombre d’éléments ou segments, le nombre de tours de parole nécessaires à leur mise en place, le coût moyen, et ce, pour la totalité de la PDN ou du TC, et pour chacune des parties (I, II, III et éventuellement IV pour G7).

Prise de notes : éléments, tours de parole et coût moyen
Prise de notes : éléments, tours de parole et coût moyen La partie la plus coûteuse est surlignée en couleur.
Textes cibles : segments, tours de parole et coût moyen
Textes cibles : segments, tours de parole et coût moyen

Nous remarquons que pour trois groupes sur cinq, la troisième partie présente le coût moyen le plus élevé lors du traitement de la PDN. Toutefois, en passant au traitement du texte définitif, deux groupes (G1 et G3) présentent le même résultat - avec un coût moyen différent pour G3 ; alors que pour G2 et G4, l’introduction présente le coût moyen le plus élevé. Nous nous proposons, alors, de voir ce qui fait qu’une prise de notes ou une rédaction soit plus coûteuse qu’une autre. Ce que nous venons de voir concernant les coûts dans les différents groupes et dans les différentes parties nous permet d’avancer que la raison de cet écart ne serait pas tributaire du nombre d’éléments ou de segments mais plutôt de la nature de certaines informations plus ou moins difficiles à traiter et surtout du degré d’accord ou de désaccord lors de leurs traitements ainsi que des moyens utilisés afin de parvenir à réussir dans la tâche qui leur est assignée. Nous allons donc traiter et analyser les différents échanges, leurs natures, leurs combinaisons et leurs incidences sur les différents produits afin d’éclairer les résultats obtenus ici.

Notes
47.

La partie la plus coûteuse est surlignée en couleur.