2-2-2-1- La prise de notes

a. La co-énonciation scientifique

Le traitement de la matière scientifique se fait, lui aussi, dans des échanges plutôt co-énonciatifs que conflictuels et négociatifs. Ce qui permet d’avancer que, dans sa majorité, les notions à traiter sont comprises, du moins qu’elles ne posent pas de problèmes au niveau de leur explication et réinvestissement dans l’interaction pour les deux co-rédacteurs. Nous avons alors de longs moments d’explications qui se construisent par l’un et sont acceptés et admis comme vrais par l’autre. Ce cas de figure est fréquent dans les échanges de G2 où N, le plus souvent et surtout au début de l’interaction, prend en charge le traitement des données scientifiques s’appuyant sur les acquiescements et les validations de Z. Et nous avons aussi d’autres moments où l’explication est prise en charge par les deux participants et où elle est amenée, une fois par l’un, une fois par l’autre, dans une complémentarité des propos et des informations avancées.

Ces moments co-énonciatifs de traitement scientifique servent surtout la sélection des points dont ils justifient l’utilité. Ils se détachent peu de ce qui est dit ou expliqué dans le cours. Toutefois, il arrive que les participants, rassurés par rapport à leur maîtrise de certaines données, prennent à même de souligner des faits existants dans le cours mais sous-entendus tels que les rapports d’opposition entre fermions et bosons soulignés par les membres de G2 :

Au tour 92, N insiste sur le fait que le principe de Pauli est valable « uniquement » ([bark]) pour les fermions, ce à quoi Z répond dans le tour suivant en mettant ce point du cours en rapport avec un autre et en soulignant qu’il s’agit du cas « opposé » ([wel akse lel:]).

Plus rarement, la co-énonciation peut aussi appuyer, après coup, l’inscription d’un élément comme c’est le cas pour l’élément (16) de la prise de notes de G4 :

111 K on va traiter un exemple . exemple trois bosons pouvant occuper trois états individuels alpha bêta oméga . on suppose que alpha différent de bêta différent de oméga . l’état du système . est égal . racine de psi . c’est égal 1 sur racine de 6 . 1 dans l’état alpha 2 dans l’état bêta 3 dans l’état oméga (+) 1 dans alpha 2 dans l’état oméga on a fait: ici la permutation . 3 dans l’état bêta (+) etcetera égale six terme
112 H hum . on: regarde toutes les permutations possibles (.. ?)
113 K hum . si alpha égale bêta différent de oméga .
114 H donc on prend . toutes les . permutations .. toutes les permutations . possibles
115 K possibles … bon . si alpha égale bêta différent de oméga .
116 H hum
117 K psi égale 1 sur racine de 3 . 1 . dans l’état alpha . 2 dans l’état alpa 3 dans l’état oméga (+) 1 dans l’état alpha 2 dans l’état oméga 3 dans l’état alpha (+) 1 dans l’état oméga 2 dans l’état alpha 3 dans l’état alpha . bon . si alpha égale bêta égale oméga . psi égale 1 dans l’état alpha 2 dans l’état alpha 3 dans l’état alpha . donc un nombre quelconque de bosons identiques peuvent occuper un même état individuel . [heδija] conclusion \

L’élément étant sélectionné, partiellement traité et expliqué, il est inscrit en 114 mais K préfère continuer l’énoncé des exemples qui ont permis la re-formulation/ inscription de (16) afin d’en assurer une meilleure compréhension et d’en donner une idée plus complète.

La co-énonciation peut servir aussi à rétablir une certaine stabilité après des moments d’hésitation ou de déséquilibre souvent pressentis lors des négociations sur les explications.