2-2-3-2- La planification « implicite »

Mais la planification reste peu explicitée. Elle est surtout perceptible à travers des choix implicites de mise en place des données. Elle se traduit alors par le déplacement des données et la mise en rapport direct de données du cours. Une des manifestations de ce travail de planification implicite concerne les définitions des systèmes et des éléments qui y correspondent. Les définitions du cours présentent en premier les deux types de systèmes, ensuite les reprennent en déterminant la particule qui correspond à chacun d’eux, et dans un troisième temps définissent chacune des particules. Cette structuration en trois temps est alors remplacée par :

253 K pour les bosons . et: statistique de Bose-Einstein . les particules sont:: . symétriques . par rapport à l’échange des particules . (.. ?)
254 H euh :: . dans ce::: . dans ce postulat on distingue deux particules . qui sont les bosons et les fermions . les bosons sont caractérisés par l’état plus . euh:: . ce sont des particules . qui ont . comme fonction d’onde . symétrique . d’où c’est la statistique de Bose-Einstein qui est (.. ?) ici . pour les fermions c’est le: . l’état moins . euh . et c’est la statistique de Fermi-Dirac . leur fonction d’onde est antisymétrique . [behi] . on peut dire que . les bosons . ont . un spin . (égal’à) un . exemple on peut:: . citer les photons . qui sont des particules de Jauge . pour les fermions c’est l’exemple euh . pour les fermions . ils ont un spin un demi . et c’est l’exemple des leptons . euh comme les électrons et les muons . euh:: . [kahaw] 51 . (…)

Les particules sont identifiées et établies comme une entrée possible, toutefois les exemples constituent encore à ce niveau une seconde entrée. La version finale qui établit les bosons et les fermions comme entrées uniques à l’ensemble des informations s’y rattachant - à savoir la nature de la fonction et de la statistique en question, la détermination du spin et des exemples - est donnée directement en 288 :

La stabilisation de cette nouvelle organisation est marquée par l’utilisation de termes comme « branches » et « points » pour désigner et hiérarchiser l’ensemble des données relatives à chacune des deux particules. L’assemblage des deux blocs se fait en un seul mouvement, sans explicitation ni justification et dans un élan de co-énonciation entre les deux participants, la logique qui le soutient se passant de commentaire.

K est le garant et le défendeur de ce nouvel enchaînement des données et de leur complétude : L, absorbé par le travail sur les exemples de bosons et de nombre de types de ces particules, passe directement à la construction des états physiques (III). K rattrape cet oubli et fort de son rôle de scripteur, il ignore même la recommandation de L en 242 et maintient pour « les fermions »le même ordre que pour « les bosons ».

Autre cas de planification implicite, celui de l’introduction de G2. Comme nous l’avons vu dans l’étude des opérateurs et de la prise de notes (cf. chapitre III et IV) ce groupe effectue un travail important de reconstruction de l’introduction. Ce travail commence, au tour -13-, avec la phase de reprise du bloc de données ((1) à (18)) en vue de leur notation :

En partant du principe que l’introduction est un point important du cours et qu’elle sert à mettre en évidence les bases de la mécanique quantique, les données qu’elle véhicule sont perçues sous un angle différent : elles sont traitées et analysées, pour être ensuite mises en rapport les unes avec les autres. La structure de l’introduction qui se construit sur l’opposition entre la mécanique classique et la mécanique quantique est ainsi mise à jour ainsi que l’identification de la « discernabilité » et « l’indiscernabilité » comme étant des informations de première importance. Une première version de cette structure est donnée lors de l’exposé oral :

148 Z (…) introduction . on va: voir la différence entre la mécanique classique et la mécanique quantique concernant deux particules identiques . pour la mécanique classique deux particules identiques sont discernables . eu::h par contre pour la mécanique quantique les deux particules sont indiscernables . eu::h puisque dans la mécanique classique chaque particule est définie par sa vitesse et sa trajectoire on peut définir la position de la: particule par contre pour la mécanique quantique la notion de trajectoire n’est pas valable et on définit par contre la notion de paquet d’ondes . et on les définit par le module au carré de psi qui dépend de la position x et de l’instant t . (…)

Les liens entre les quatre points soulignés lors de la PDN sont soulignés à travers le schéma « croisé » (MC, MQ, MC, MQ) sous la forme duquel ils continuent encore à apparaître. Ils sont enfin reclassés dans l’échange suivant :

Ce travail de re-structuration se passe certes sous silence, mais de manière consciente : le parallélisme entre les informations est construit et soutenu par N en 164 qui refuse d’inscrire la notion de trajectoire avant d’établir l’indiscernabilité des particules.

Notes
51.

254-H : « …c’est tout »