2-3-1- Le métalangage et les connecteurs

La présence d’un travail sur le métalangage n’est pas très importante dans les différentes interactions et nous pouvons à peine parler d’échanges ou négociations métalinguistiques ou métasituationnelles. Nous citons pour les premières l’exemple de la négociation métalinguistique des membres de G2 sur « entre » (du tour 186 au tour 191). Pour les secondes, nous citons l’exemple de G4 (de 274 à 279) dans lequel se manifeste la prise en compte de la situation « on est pas dans un cours » et au cours duquel les participants tentent de répondre aux objectifs et aux contraintes de la situation de rédaction dans laquelle ils sont placés. Dans cet échange, d’ailleurs, c’est une négociation méta- sur le code (symbolique ou langage naturel) qui amène la prise en compte du niveau situationnel.

Les échanges métadiscursifs sont plus présents que les autres types de méta-, et surtout dans les négociations qu’elles soient sur la sélection ou sur la planification. Nous en avons abordé quelques cas dans les exemples cités plus haut (cf. 2-2-1-1 , 2-2-3-1) où les participants traitent de la pertinence des éléments abordés, de leur rôle dans l’économie du texte, de la place qu’ils doivent occuper etc.

La présence du métalangage se manifeste souvent au niveau de l’intervention par des commentaires ou des marqueurs métadiscursifs. Nous avons surtout des métadiscursifs sur la planification - qu’elle soit de la tâche (métaprocédural) ou du texte et du discours lui-même - tels que « on commence par (l’introduction)», « on passe maintenant », « on va parler maintenant de », « on va parler avant », « on va définir de nouveau » ; aussi des métadiscours comme « on va voir », « on va faire », « on va parler de », « on peut dire », « on peut insister » ou encore « il s’agit de » qui marquent les thèmes et les changements de thèmes etc.

Les participants ont recours à d’autres types de connecteurs pour organiser leur discours tels que : les connecteurs argumentatifs « donc », « alors », « d’où », « puisque », « car », « au contraire », « mais », « alors que » que nous retrouvons surtout chez G7, G4 … ; les marqueurs de structuration tels que « alors »,et parfois « donc » qui se vident de leur sens pour devenir des sortes de « tic » conversationnel notamment dans la bouche de B (de G1) ; les connecteurs de reformulations surtout et presque exclusivement « c'est-à-dire » (G7). Certains de ces connecteurs surtout d’organisation du discours, d’expression de lien logique et pragmatique (donc, alors, c'est-à-dire, mais) mais aussi des marqueurs « méta- » (comme nous l’avons vu pour G2 par exemple) sont reconduits dans les reformulations finales et dans les rédactions.

Les participants accordent plus d’importance au discours lui-même, surtout scientifique, qu’à en expliquer ou en justifier les mécanismes. Le besoin d’organiser la tâche et de guider l’autre par des méta sur le discours, la planification, le linguistique etc., de rendre compte et d’expliciter les raisonnements par les marqueurs discursifs et de connecteurs logiques, argumentatifs etc. n’est pas très pressant chez nos participants. Quand bien même il est quelque peu fréquent chez certains (nous pensons surtout aux marqueurs métadiscursifs pour G3), il n’est pas transféré à l’écrit et reste oral. Cette compétence communicationnelle n’est pas perçue comme une compétence transférable d’une production à une autre, d’un niveau à un autre, d’une situation de production à une autre. Ceci est peut être dû en partie à la nature de la tâche et surtout du texte : le texte scientifique et son organisation se tenant et se justifiant par eux-mêmes pour nos participants, il s’agit de se laisser guider par le texte déjà présent. Ce qui est moins le cas avec une rédaction où les données de départ seraient moins lourdes et contraignantes et où les rédacteurs seraient plus amenés à créer et à faire des choix plus personnels. Aussi, n’est-il pas tout à fait à exclure, au vu des lacunes et des faiblesses d’expression et de langues de nos participants, que ces derniers se cachent derrière cette immunité du texte scientifique pour ne pas avoir à affronter les difficultés liées à un travail d’explicitation et de mise en mots.