2-3-2- La reformulation

Nous avons traité dans ce qui précède la (re-)formulation en ce qu’elle est directement liée à la production des textes, c'est-à-dire en ce qu’elle est manipulation linguistique des données qui vont êtres énoncées ou inscrites. Ici, nous traitons la reformulation en tant que moyen utilisé par les participants pour se comprendre, pour échanger des informations et avancer dans la tâche. Elle est tournée vers la reformulation des données scientifiques. Elle est alors ré-explicative comme nous l’avons plus haut (échanges de G7 ou de G4) .

Elle peut être aussi récapitulative. Elle assure le passage de moments d’explications et de négociation sur la matière scientifique à la reprise de la co-énonciation. Ainsi, après avoir négocié l’explication des diagrammes énergétiques entre 133 et 141, Z de G2 récapitule en 142 la différence entre les bosons et les fermions et leur rapport aux phénomènes de répulsion et d’attraction

La reformulation récapitulative assure aussi le passage à la mise en mots et l’inscription comme dans l’échange suivant de l’interaction de G4 :

299 H bosons . on utilise le déterminant de Slater . euh . qui est défini comme . ainsi . la ligne . est occupée . par . une seule . particule . qui . change de position . et . la:: colonne . euh:: . est . définie comme . un état donné avec une particule ([mathalan] ?) . une particule change . qui change . donc .
on a dit alors que pour les fermions on utilise . le déterminant .. de Slater . le déterminant de Slater . on a dit que . la ligne . les lignes . sont occupées . par . des particules données .. et les colonnes . par les états . par les différents états . de ces particules .. [behi] .(…)

Dans ce cas, elle ne sert pas uniquement à stabiliser la forme linguistique de ce qui sera écrit mais aussi à rappeler ce qui a été dit, choisi, expliqué afin de s’assurer de l’acceptation et de l’accord de l’autre.

La reformulation récapitulative sert de tremplin sur lequel les deux interlocuteurs s’appuient pour annoncer la suite de la conversation. G2 y a recours souvent pour marquer les points les plus importants, ceux qu’il faut retenir (cf. 2-2-4-2). Elle sert aussi à faire une mise au point qui marque la fin de l’explication d’une donnée du cours et le début de l’explication d’une autre. C’est le cas dans l’exemple suivant extrait de l’interaction de G7 :

23 K (…) donc . on aura … qu’au cours d’une permutation . de deux états quantiques . on a . un changement de la fonction d’onde . soit qu’elle est positive ou négative vu que lambda est égale à plus ou moins 1 .
24 M hum .
25 K et ceci du à l’indiscernabilité des particules + petit deux . (…)

dans lequel K récapitule le principe de permutation et ses implications avant de passer au point suivant.

La présence de ces reformulations à objectifs interactionnels varie d’un groupe à l’autre, de même que les actes métalangagiers qui y sont liés. Elles sont plus en rapport (et presque exclusivement en rapport) avec les explications et le traitement scientifique des données - la sélection, la planification du texte ainsi que la planification globale de la tâche et la manière de procéder sont exprimés en une seule fois et de manière qui semble univoque pour les participants. Ces reformulations à objectifs interactionnels semblent dépendre d’une vision personnelle de la tâche et de la collaboration. Toutefois, nous remarquons qu’elles sont souvent présentes dans les interactions dans la langue première des interlocuteurs : l’arabe et plus précisément l’arabe dialectal.