2-3-4- L’oral miroir de l’écrit

Le bilan des problèmes de langue que rencontrent nos participants à l’oral vient confirmer celui fait à la fin de l’étude des textes écrits : lacunes de grammaire, de conjugaison, de lexique, de construction etc. sont tout aussi perceptibles à l’oral qu’ils l’étaient à l’écrit. Les exemples, qui nous ont permis d’illustrer les différents points de notre analyse, en témoignent.

La révision sur la langue est rare. Seule G2 y consacre une partie de son temps : des erreurs d’accord sont alors soulignées et corrigées, erreurs attribuées à l’inattention. Mais au cours de l’interaction, les erreurs commises ne sont pas relevées. Il est difficile de dire si cela est dû à la non-perception de ces erreurs ou la volonté de préserver le relationnel et les faces au cours de l’interaction. Aborder ces erreurs pourrait alors être perçu comme une menace pour la face de l’autre et donc pourrait menacer l’entente et la co-énonciation. Ainsi, même quand il s’agit de notes reprises comme la conclusion sur la coexistence des bosons et le principe de Pauli pour G1, l’erreur de « lecture » commise par B n’est pas soulignée par M-S, et ce, à deux reprises (226, 234 et 412). L’erreur n’est corrigée qu’en 456, c'est-à-dire au moment de l’inscription, moment où elle devient discriminante pour le travail rédactionnel.

Des problèmes de reformulations transcodiques apparaissent aussi : il s’agit de la non-stabilité des formes et des symboles et de leur lecture qui varient quelque peu d’un binôme à un autre (lectures de la fonction « psi », du déterminant de Slater, de l’exemple des permutations des états des bosons etc.). Cette difficulté atteint son paroxysme avec le participant B de G1 : ce dernier présente même des difficultés à reconnaître les codes et les symboles ainsi que les abréviations usuelles du domaine. (Par exemple en 196, il traduit « prop » par « proposition » et « positions » alors qu’il s’agit de « propriétés » et en 35 il n’arrive pas à lire « 3He » « atome noyau hélium 3 » etc.).

Aux problèmes de conjugaison, grammaire, lexique s’ajoutent, pour certains, des difficultés de prononciation. Ainsi, K de G7 semble avoir des difficultés à prononcer [y] ce qui fait que au lieu de dire « vi » au lieu de « vu » et « sé sutu » pour « se situe » même s’il fait des efforts pour rattraper son erreur comme en 265. Cette difficulté peut avoir des répercussions d’autant plus graves qu’elle peut dépasser l’ordre phonétique pour atteindre la morphosyntaxe comme c’est le cas pour le verbe admettre prononcé « admit » en -19- et écrit « admit » seg 15 de la rédaction.