1- La langue seconde

1-1- Au-delà de la grammaire : la compétence textuelle

Le rôle du français dans l’enseignement, son apprentissage précoce, sa cohabitation avec une ou plusieurs langues, et la variabilité de son statut social sont des critères qui impliquent des directions didactiques particulières. Dans le système scolaire, le français langue seconde est le moyen par lequel l’apprenant accède aux différents savoirs. En Tunisie, c’est la langue par laquelle l’enseignement scientifique s’effectue au lycée et à l’université. Elle devient « outil d’analyse, de raisonnement et de transmission d’informations » (Miled, 1998 : 48). Un simple apprentissage des règles grammaticales et syntaxiques est alors insuffisant et nécessite d’être complété par un enseignement tourné vers l’acquisition de compétences discursives et de « structures transversales » telles que l’expression de la synthèse, la déduction, la comparaison, et ce, dans des discours variés comme les textes philosophiques, les comptes rendus d’expériences, les argumentations mathématiques… . L’acquisition de ces compétences transversales devient alors un objectif primordial qui va au-delà de l’acquisition souvent réductrice des simples faits linguistiques ponctuels.

Le contact avec la langue seconde se fait relativement tôt que ce soit dans l’école ou même avant dans la société. De part ce fait, l’enseignement du français ne peut être conçu comme une simple acquisition d’un autre système linguistique. En effet, « à coté du premier idiome acquis, le français assure une fonction de structuration liée au développement cognitif de l’élève ; c’est par ce moyen également que celui-ci acquiert d’autres savoirs et savoir-faire, qu’il accède à l’abstraction qu’il cultive ses capacités de raisonnement ; autant d’activités qui mobilisent des fonctions cognitives et langagières transférables dans d’autres domaines d’acquisition et d’utilisation des connaissances » (Miled, 1998 : 49). Une des implications didactiques qui pourraient accompagner cette « précocité » de l’enseignement des langues secondes pourrait être le développement d’une « conscience linguistique ». L’enseignement se proposerait d’expliquer, même très simplement, à l’élève les faits linguistiques et discursifs auxquels il a recours. Tôt, grâce à cette compétence « méta- », l’élève apprendrait à s’auto-évaluer et à mieux gérer les informations (grammaire, conjugaison, orthographe, construction…) qu’on lui donne. Il prendrait conscience dès le début de son apprentissage que maîtriser une langue n’est pas une simple histoire d’acquisition de faits linguistiques et dépasserait vite cette vision restrictive et simpliste des mécanismes de l’acquisition et de la maîtrise d’une langue.