1-3- L’hétérogénéité dans la variabilité

Comme nous l’avons déjà exposé dans la présentation sociolinguiste, la société tunisienne et le milieu scolaire en particulier offrent une « variabilité » d’usages langagiers. Les apprenants doivent faire face aux exigences et aux difficultés qu’implique une telle situation. Ils doivent savoir quand utiliser ou s’abstenir d’utiliser l’arabe, avec ces deux variantes dialectale et littérale, ainsi que le français. De plus, dans cette « variabilité » à gérer, les apprenants doivent faire face à l’hétérogénéité de leurs connaissances et de leurs rapports aux différentes langues en question. Ainsi, ils ne se situent pas tous sur la même ligne par rapport au français, alors que le curriculum présuppose une homogénéité du public dans une même classe et plus largement dans toutes les classes du même niveau dans tout coin du pays. C’est au professeur qu’incombe alors la tâche de faire face aux conditions réelles de sa classe, de gérer et d’aider les apprenants à gérer la variabilité des langues en guidant et en clarifiant les normes de leurs utilisations, et d’essayer de réduire le décalage qui peut exister entre le niveau réel de son public et le niveau présupposé par les programmes. Ce décalage peut être d’autant plus important au fil de leurs progressions scolaires et arrivés à l’université, qu’il risque de s’amplifier ne serait-ce qu’à cause de la diversité des origines et des cursus des différents étudiants. Nous nous joignons à M. Miled pour dire que des tests d’évaluation peuvent s’avérer nécessaires et utiles pour évaluer les compétences des apprenants et aussi pour identifier les réticences que certains peuvent avoir face à la langue. Ces tests, et les apprenants doivent bien le comprendre, ne sont pas des outils de sanction ou de notation et encore moins des épreuves de certification, mais des outils d’évaluation de connaissances afin d’homogénéiser au mieux les classes et d’adapter les programmes au niveau réel de la classe. Ces tests peuvent constituer aussi une étape importante dans la formation. Lors de cette étape, les apprenants peuvent identifier leurs lacunes, ce qui leurs permettra par la suite de comprendre les motivations des enseignements dispensés et de pouvoir en fin de cursus se rendre compte des progrès réalisés.

Ces tests se feraient en première année. Ils auraient pour fonction d’évaluer, d’un côté, les compétences de compréhension écrite et orale, de grammaire, de syntaxe, au moyen de questions à choix multiples ; et, d’un autre côté, d’évaluer les compétences d’expression écrite au moyen de questions ouvertes qui nécessiteraient de courtes rédactions à visées argumentative, descriptive, énumérative ou comparative. L’expression orale, quant à elle, nous paraît difficile à évaluer vu le nombre important d’étudiants (surtout en première année à l’université) et le coût élevé (en heures) que cette épreuve nécessiterait. Par ailleurs, un test de suivi pourrait, éventuellement, être envisageable au début du cycle de spécialisation (troisième année). Le choix des textes, écris ou oraux, se fera sur des sujets qui a priori sont significatifs pour les apprenants et qui sont liés à leur spécialités sans pour autant présenter de difficultés scientifiques majeures (par exemple de vulgarisation ou de semi- vulgarisation).