2.1. Dispositif de l’étude

Pour évaluer l'évolution des performances des élèves, un questionnaire a été passé dans des classes de seconde, avant et après l'enseignement de la mécanique ; les huit questions posées avant sont présentes dans le questionnaire après enseignement qui comporte quelques questions supplémentaires (voir annexe 3 pour les questionnaires). Ce questionnaire, élaboré à partir d'un travail sur l'évaluation en classe concernant la mécanique en seconde (Coulaud, 2005), a été passé dans une classe au Liban et 20 classes en France dont 9 classes ont suivi la séquence construite par leur professeur (groupe 1) et 11 classes la séquence d'enseignement conçue par le groupe de recherche et développement SESAMES (groupe 2) (voir annexe 2 pour la séquence SESAMES). La passation de ce questionnaire a pour but de tester le fonctionnement de la séquence SESAMES ainsi que celui de séquences ordinaires construites par les professeurs des classes. Nous avons repris les résultats de ces questionnaires à partir des fichiers SPSS et les avons traités, nous avons en particulier fait quelques croisements selon nos analyses que nous présentons dans un chapitre ultérieur.

Pour analyser les pratiques de classes du point de vue du savoir enseigné, nous avons recueilli des données, en particulier des enregistrements vidéo, dans trois classes de seconde, une au Liban (classe 3) et deux en France: l'une (classe 1) appartenant au groupe 1 et l'autre (classe 2) au groupe 2 (SESAMES). En fait, nous avons choisi de suivre une classe appartenant à chacun des deux groupes afin de mieux comprendre le fonctionnement de ces deux groupes ; les professeurs de ces deux classes avaient accepté de faire passer le questionnaire dans leur classe et d’être filmés avec leur classe pendant l’enseignement de la partie dynamique. Ces enregistrements ont été faits au cours de l'enseignement des parties "forces et interactions" et "introduction du principe d'inertie" en mécanique. Il faut noter que parmi les élèves présents dans ces trois classes, certains étaient absents lors de la passation soit du questionnaire avant soit du questionnaire après. Seuls les élèves présents lors de la passation des deux questionnaires ont été pris en compte dans les résultats des questionnaires, soit 28 élèves pour la classe 1, 31 pour la classe 2 et 23 pour la classe 3. Ce sont ces effectifs qui seront affichés dans les tableaux de résultats des questionnaires (partie suivante).

La classe du Liban comporte 23 élèves (13 filles et 10 garçons) ; l’établissement est privé (chrétien) et le niveau socioculturel est moyen. Le professeur est un homme qui a moins de cinq années d’expérience.

La classe 1 de France comporte 30 élèves (22 filles et 8 garçons) ; elle se situe dans la périphérie d’une grande agglomération. C’est un lycée d’enseignement général et technologique qui comporte des classes préparatoires. Il recrute dans un milieu socioculturel sans difficulté particulière. Le professeur est un homme, qui a une longue expérience d’enseignement de la physique.

La classe 2 de France comporte 34 élèves (5 filles et 29 garçons) ; elle se situe, comme la classe 1, dans la périphérie d’une grande agglomération, il s’agit aussi d’un lycée d’enseignement général et technologique qui comporte des classes préparatoires et qui a une forte connotation technologique d’où le nombre élevé de garçons dans la classe. Le professeur est une femme qui est très expérimentée. Elle a participé pendant de nombreuses années au groupe SESAMES, en particulier pour la conception de la séquence enseignée.

Nous connaissons personnellement le professeur libanais. Le professeur de la classe 2 de France a déjà participé au projet SESAMES avec certains membres de notre laboratoire de recherche et celui de la classe 1 de France enseigne dans le même lycée que l’un de nos collègues. Nous avons demandé à ces professeurs de filmer dans leur classe et ils ont accepté.

Le professeur de la classe 2 a fidèlement suivi les documents produits par le groupe SESAMES et qui comportent des modèles, des activités et des exercices. Ces documents sont distribués par le professeur aux élèves avant chaque partie à faire (modèle, activité, exercice) sous forme de feuilles à coller sur leur cahier. Par contre les professeurs des classes 1 et 3 qui ont construit leur propre séquence ont eu recours à des livres. Le professeur de la classe 1 a utilisé le livre Hatier Microméga (2004) pour choisir des activités et des exercices et le professeur de la classe 3 le livre de la collection Spectra (1998) pour choisir des exercices et lire le cours parfois. Dans la classe 2, les documents dont les élèves ont besoin sont distribués par le professeur sous formes de feuilles que les élèves collent sur leur cahier ; ces feuilles comportent des modèles et des activités ou exercices et les élèves réalisent les activités et les exercices sur leur cahier. Dans la classe 1, le professeur soit écrit des parties du cours au tableau et les élèves copient, soit dicte aux élèves certaines parties. Il ne dit jamais aux élèves de s’appuyer sur le cours présent dans le livre mais utilise le livre uniquement pour leur donner des activités et des exercices à faire et les élèves les font sur leur cahier. Dans la classe 3, le professeur soit écrit des parties du cours au tableau et les élèves copient, soit leur demande de prendre certaines parties du cours qui se trouvent dans leur livre. Les exercices sont faits sur le cahier et leurs énoncés sont soit pris du livre soit dictés par le professeur.

Une des différences observée entre les classes françaises et la classe libanaise concerne l'organisation de la classe. En France, les classes fonctionnent soit en classe entière pendant les séances de cours en général (tous les élèves de la classe sont présents) soit en demi-classe pendant les séances de travaux pratiques (presque la moitié de la classe est présente) ; il faut noter que parfois, et c'est le cas dans nos deux classes filmées, les professeurs font des travaux pratiques en classe entière et des activités ou exercices et demi-classe. On ne trouve pas cette tradition au Liban, les classes fonctionnent toujours en classe entière et les travaux pratiques sont rares, souvent par manque de matériel ; dans le cas de la classe qu'on a filmée il n'y a pas du tout de travaux pratiques pendant la séquence filmée. Une autre différence dans l'organisation concerne le travail en petits groupes. Dans la conception de la séquence SESAMES, le travail en petits groupes, souvent de deux et parfois de quatre, est mis en avant, partant de l'hypothèse que les interactions entre pairs peuvent favoriser l'apprentissage. Dans notre classe SESAMES filmée (classe 2), pendant les activités, les exercices et les travaux pratiques, les élèves travaillent toujours en petits groupes, que ce soit en classe entière ou en demi-classe. Par contre, dans la deuxième classe filmée en France (classe 1) et qui suit la séquence du professeur, le travail en petits groupes n'est pas systématique, on l'observe surtout pendant l’enseignement en demi-classe où les élèves sont amenés à travailler par deux sur le même matériel expérimental. La classe du Liban ne fonctionne presque jamais en petits groupes.