3.2.4. Conclusion

Les tâches épistémiques nous permettent de caractériser le savoir enseigné en classe et de comparer différentes classes. La comparaison des tâches épistémiques entre les trois classes révèle des similitudes et des différences. La tâche la plus réalisée dans la classe 1 est l’interprétation au niveau de la relation entre objets/évènements et théorie/modèle, accompagnée de nombreuses descriptions ; dans la classe 2 cette tâche est la plus présente aussi mais elle l’est aux deux niveaux, objets/évènements et relation entre objets/évènements et théorie/modèle, d’ailleurs c’est la seule classe qui se place autant au niveau des objets/évènements ; alors que dans la classe 3 la tâche la plus présente est la définition, suivie de l’interprétation au niveau relationnel entre objets/évènements et théorie/modèle. Une différence concerne aussi les opérations formelles qui sont le plus présentes dans la classe 3 (représentation vectorielles et formules), suivie de la classe 2 (représentations vectorielles) et enfin de la classe 1 (représentations vectorielles) avec un faible effectif.

Le rôle des différents acteurs pris en compte dans l’analyse en termes de tâches épistémiques permet de tirer certaines conclusions sur la topogénèse. Dans les trois classes, c’est le professeur qui suscite essentiellement les tâches et les élèves rarement ; toutefois les élèves de la classe 2 suscitent plus de tâches que ceux des autres classes. Dans les classes 1 et 2, le professeur réalise des tâches légèrement plus que les élèves alors que dans la classe 3 il réalise beaucoup plus qu’eux. La comparaison entre les tâches suscitées et celles réalisées par les élèves montre que les élèves des classes 1 et 3 répondent en général à l’attente du professeur alors que ceux de la classe 2 se positionnent parfois au niveau des objets/évènements quand le professeur suscite des interprétations au niveau relationnel entre objets/événement et théorie/modèle. Certaines tâches semblent être la plupart du temps du côté du professeur comme définir, décrire et critiquer/évaluer, et les autres comme interpréter, prédire, expliquer plus du côté des élèves. Donc en général, il apparaît que dans les classes 1 et 2 la responsabilité du savoir est plus partagée entre le professeur et les élèves. Cependant cette conclusion reflète une certaine tendance dans les classes mais la signification de ce lien entre le niveau microscopique et l’ensemble de la séquence à l’aide des tâches épistémiques est à prendre avec précaution vu que la topogénèse peut varier énormément d’une situation à l’autre à l’intérieur d’une même séance, selon les situations et le type d’activité ; nous pensons que la topogénèse doit donc être regardée au niveau mésoscopique, celui des thèmes qui correspond aux activités, exercices, expériences, introduction d’un modèle qui impliquent, chacun, des positions topogénétiques différentes selon leur type : le professeur peut par exemple prendre la charge du savoir pendant la réalisation d’un exercice et la laisser plus tard aux élèves pendant la réalisation d’une activité. Cependant, cette analyse déjà menée en lien avec l’ensemble de la séquence, nous en donne quelques indices, quelques tendances générales.

En conclusion, cette analyse à l’échelle microscopique en termes de facettes et de tâches épistémiques nous a permis de faire des liens entre cette échelle et l’ensemble de la séquence. Les notions de continuité et densité des facettes se sont avérées pertinentes pour faire le lien entre l’échelle microscopique et l’ensemble de la séquence. Les tâches épistémiques nous permettent également de donner des conclusions sur la dynamique du savoir pendant la séquence mais si nous voulons regarder le lien qu’elles ont avec la topogénèse, il est plus pertinent de le faire à l’échelle mésoscopique, celle des thèmes, puisque c’est l’échelle la plus adaptée à l’étude de la topogénèse. Nous nous placerons dans un chapitre suivant à cette échelle mésoscopique afin d’effectuer une analyse en lien avec le niveau microscopique.