Fonctionnement du savoir

Il s'agit dans cette activité de représenter le diagramme système-interactions pour plusieurs situations dont certaines mettent en jeu des objets inanimés, d’autres un être humain (le motard). L'activité met donc en jeu des interprétations des situations à partir du modèle des interactions ainsi que des opérations formelles pour permettre le passage d'une situation décrite en langue naturelle à sa représentation schématique. Les élèves au tableau interprètent et effectuent des représentations formelles et sont ensuite évalués par la classe. Les facettes action-interaction sont incorporées dans les représentations et non explicitées en langue naturelle ; nous supposons que du fait que les élèves représentent les objets qui sont en contact avec l’objet étudié, qu'ils représentent la Terre et qu'ils utilisent des flèches pleines ou en pointillé, ils mettent en jeu ces facettes qui se rapportent au contact et à l'action de la Terre qui est à distance. Les facettes représentation sont explicitement utilisées lors de l'évaluation par le professeur et les élèves des propositions de certains élèves, surtout des représentations faites au tableau. Le savoir vit donc essentiellement dans ce thème par les représentations. Ces représentations ne renferment pas juste des règles mais véhiculent beaucoup de savoir, essentiellement en lien avec le concept de contact et l’action de la Terre. Deux groupes de facettes se trouvent donc simultanément en jeu par le biais des représentations, l’un étant explicitement mis en jeu, celui des règles de représentations et l’autre implicitement, celui des actions-interactions.

La mise en œuvre de ces représentations fait émerger plusieurs difficultés conceptuelles. Nous observons une confusion chez une élève entre Terre et sol: elle confond la terre du jardin ou le sol et la planète Terre, donc propose une interaction de contact avec la Terre. Une argumentation est menée entre cette élève et un autre mettant en jeu des interprétations au niveau des objets/évènements ainsi que des descriptions d'objets/évènements. Le professeur, pour relever cette confusion, fait ensuite la différence entre la planète Terre et le sol par les effets de l'action de chacun: "l'action du sol empêche la table de s'enfoncer alors que la Terre, au contraire, attire vers son centre". Il introduit donc explicitement pour la 1ère fois, deux facettes, le fait que l'action de la Terre soit vers le bas et qu'elle soit différente de celle du sol. Le système sol est ainsi ajouté au diagramme ; l'élève qui l'avait représenté n'avait pas pris en compte tous les objets qui étaient en contact avec le système.

Nous supposons donc qu'au moins chez les deux élèves cités ci-dessus (celle qui confond Terre et sol et celui qui oublie de représenter le sol) la relation entre contact et action pose encore problème. Pour les autres élèves nous ne pouvons le dire. 

Lors du deuxième passage de trois élèves au tableau, les trois oublient de mettre l'air. D’autres élèves repèrent cet oubli et le professeur dit qu'il faut le mettre puisque la vitesse est grande, introduisant ainsi pour la première fois la facette frottement. Il félicite un élève de ne pas avoir oublié le sol bien qu'il ait oublié la Terre et rappelle encore une fois la différence entre Terre et sol. Le professeur souligne enfin l'importance du diagramme système-interactions : "l'intérêt de ce diagramme c'est de s'imaginer de représenter toutes les actions", il constitue donc un moyen de mieux se représenter les situations matérielles.

Trois nouvelles facettes sont introduites dans cette phase de correction. Bien que le modèle ait déjà été présenté ; ceci montre le rôle que jouent les activités dans l’introduction d’un nouveau savoir, surtout quand elles présentent, comme celle-ci, plusieurs nouveaux champs d’application. Le savoir n’est pas introduit par des définitions mais par des interprétations faites par la classe en réponse à des questions ou des difficultés d’élèves.