III. - Population

Si l’on considère la situation historique et démographique des Ding orientaux, nous pouvons affirmer, avec Flavien Nkay, l’existence de deux écueils : l’exclusivité de la tradition orale et l’absence de tradition écrite (le manque de recherche scientifique) ; c’est pourquoi nous n’avons ni bonnes sources, ni informations objectives écrites, permanentes et fiables. Or, contrairement aux impressions des premiers explorateurs du Kasaï 45 , les indications postérieures ne suggèrent pas une évolution démographique positive des Ding orientaux. En 1928, Lode Actten, commissaire du district de Luebo, décrivant la situation générale de la population de sa juridiction, note : « Les Ding habitent un pays de galeries et de forêts. Ce sont des chasseurs assez frustes, mais qui commencent, grâce à une propagande active, à s’adonner à la culture du riz et à la récolte des fruits du palmier. Ici encore, comme chez les Banguli, avoisinant le fleuve, la maladie a fait de grands ravages. Chez ces derniers l’état sanitaire est particulièrement mauvais, malgré une prospérité exceptionnelle 46  ». L’agent colonial évalue cette population à 12.000 habitants. Il évoque la maladie comme la principale cause de cette faiblesse démographique. La maladie du sommeil est identifiée pour la première fois par les Pères de Scheut en 1898 ; elle constituera l’un des grands fléaux du début de la colonisation belge. Les premiers missionnaires de Pangu signalent que le plus grand nombre de leurs premiers baptisés étaient des “mourants de la maladie du sommeil ». Dans chaque village où ils passaient, ils repéraient ces malheureux, pour qu’ils ne meurent pas sans “ l’eau du Bon Dieu 47 ”. Les témoignages postérieurs des Jésuites, des Oblats de Marie Immaculée, des Sœurs de Marie de Namur et de celles de Saint François de Sales font état de plusieurs autres maladies comme la malaria, la variole, le pian, la diarrhée, la lèpre. Elles n’étaient pas particulières aux Ding, car on les trouvait aussi dans la plupart des régions d’Afrique. L’état de la population est aussi expliqué d’une façon assez curieuse par le Père Janssens : « Une femme n’a qu’un enfant. Et puis ils emploient un remède soit pour procurer l’avortement, soit pour empêcher la fécondation 48  ».

Le Rapport A.I.M.O rédigé en 1944 estime la population à 24.909. Elle serait de 23.439 en 1945. En 1946, elle remonterait à 24.941. Les statistiques missionnaires ne donnent pas des chiffres par groupe ethnique, mais par mission ou pour l’ensemble de l’entité ecclésiale. Peut-être faudra-t-il recourir aux registres de baptême et aux interviews, village par village. Actuellement, on estime les Ding encore présents dans le terroir ancestral à plus de 180.000 habitants.

Notes
45.

DELCOMMUNE, A., Vingt années de vie africaines 1874-1894, Bruxelles, 1912, p. 251.

46.

Van BLUCK G.,  « Les Ba.Badzing dans nos sources de littérature ethnographique », in Congo, II, 1934, p. 326.

47.

BAERTS, Op.cit., p.170.

48.

JANSSENS, A., Notes sur la Mission de Mpangu, le 27 juin 1912, Rome, Archives générales des Missionnaires de Scheut, Dossier Z/III/b/3/1/21.