2. Alliances matrimoniales
« Le mariage, dans la tradition des Ding orientaux, écrit Flavien Nkay, ne se définit pas comme une affaire personnelle résultant du consentement mutuel des fiancés ou de la simple inclination de leurs cœurs. Il constitue plutôt un enjeu entre différents groupes claniques et différentes générations. Il instaure une circulation des hommes, des symboles et des biens à l'intérieur et en dehors de l’entité ethnique »
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. De fait, les Ding pratiquent essentiellement le mariage préférentiel : le grand-père de la mère d’une fille marie sa petite-fille mutil à son neveu ou son arrière-neveu. En outre, deux formes de mariage garantissaient ces unions matrimoniales :
- La polygamie, où les hommes Ding concluaient des alliances avec plusieurs femmes, parmi lesquelles on comptait des esclaves, était jadis pratiquée à travers la polygynie, un cas particulier de la polygamie, selon lequel le système social fixe pour chaque homme le nombre d’épouses. Cette pratique, bénie des aristocrates Ding de ce temps-là, était à la fois un symbole de prestige et un symbole de puissance politique. Malgré la volonté des missionnaires et des colonisateurs belges de l’éradiquer, la polygamie subsiste encore chez les Ding, certes à un faible pourcentage.
- La polyandrie, où l’on attribue une femme à une classe d’âge d’hommes, a été particulièrement pratiquée par des populations Leele-Kuba et Ding-Mbuun. En revanche, pour épouser une femme Ding, l’époux de la fille/femme, paie une dot symbolique, que le grand-père de la fille, son père et son oncle doivent se partager. La réception officielle de la dot est un signe contractuel des alliances et de l’approbation traditionnelle du mariage. Cette façon d’agir pourrait également garantir la santé, la paix, la procréation, la pérennité des parentés et la réussite des foyers formés. Certains critiques belges qualifiaient l’usage de la dot, de vente ou d’achat des femmes. Et pourtant, jusqu’à ces jours, elle demeure chez les Ding une des ressources traditionnelles et un chemin par où se nouent des liens matrimoniaux très efficaces et se renouvellent l’unité et la fidélité entre les familles. La dot peut aussi aider à évaluer le respect des normes ou des valeurs traditionnelles au sujet du mariage. Elle est une valeur traditionnelle, qui a résisté à l’influence du christianisme.
Notes
56.
NKAY MALU, F., Op. cit., p. 16.