Jean-Pierre Mayele Ilo 101 a introduit un néologisme – dyosynchrogénésie – et attribué au mot « gémellité » un nouveau sens. Dyosynchrogénésie (du grec dyo = deux ; synchro = en même temps ; génésie = naissance) est la définition la plus économique, la plus concise et la plus précise du phénomène biologique de la naissance des jumeaux : naissance à l’être (lorsque le spermatozoïde pénètre l’ovule et la féconde) et naissance au monde (lorsque l’enfant, arrivé à maturité dans le ventre maternel, décide de quitter son état de dépendance absolue et vient au monde). Gémellité désigne alors le regard particulier que les hommes ou la culture portent sur le phénomène de dyosynchrogénésie, soit pour l’expliquer scientifiquement, soit pour l’interpréter. On parle alors de gémellité scientifique, dans le cas de la science biologique, d’une part, et de la gémellité archaïque, lorsque les peuples, les cultures archaïques interprètent le phénomène de jumeaux.
Ces nouveaux concepts et ces distinctions sont utiles pour la clarté des idées et la compréhension des discours sur les jumeaux. Nous allons nous en servir dans la présente étude.
MAYELE ILO, J.-P., Statut mythique et scientifique…, p. 11-13 : « Ainsi, l’objet formel de notre étude n’est pas le phénomène biologique des jumeaux – que nous dénommons dans ce livre : dyosynchrogénésie pour bien le distinguer de la gémellité, considérée, elle, comme une démarche de la pensée (…). Ainsi, nous pouvons parler de gémellité scientifique, d’une part, et des gémellités archaïques, d’autre part. la gémellité signifie, dans le premier cas : la manière dont la science explique le phénomène des jumeaux, et, dans le second : la manière dont la pensée archaïque, où qu’elle s’exerce, interprète symboliquement le même phénomène. »