1.3. Contexte : Naissance et réclusion des jumeaux

Les chansons de jumeaux sont exécutées à l’occasion de leur naissance, de rites funéraires et de certains évènements sociopolitiques Ding, comme l’investiture des rois, etc. La naissance de jumeaux est exceptionnelle. Elle rassemble immédiatement beaucoup plus de personnes autour de nouveau-nés que celle d’un enfant ordinaire. De la naissance à l’âge adulte, cette trilogie marque l’enfance des jumeaux : naissance-réclusion-insertion dans la société. Ce texte en donne la progression continue. « De toutes les naissances connues dans la société Ding, entre autres, la naissance ordinaire où un seul enfant vient vivant au monde, il n’existe pas une autre aussi cérémonieuse que celle des jumeaux qui sont pris pour des êtres mystérieux.

Chez les Ding, lorsqu’une femme enceinte éprouve les douleurs d’accouchement, elle est conduite chez les sages-femmes qui l’entourent. Si celle-ci met au monde deux enfants, toute l’assistance se retire. Il n’y reste que des mères des jumeaux ou encore une sage-femme. A cette occasion, tous les parents jumeaux, présents au village, se munissent d’instruments de danse et s’assemblent sur le lieu d’accouchement où ils exécutent neuf chansons avant d’amener la mère et ses enfants dans une case. Nous n’avons pu avoir une explication adéquate sur le nombre 9. La chanteuse entonne une chanson et les autres la reprennent en chœur, en suivant les pas de danse au son des tambours. Après cette séance, les danseuses conduisent la mère et ses petits dans une case de réclusion, entourée d’une clôture de rameaux et dont l’accès est interdit à toute personne non parent des jumeaux.

Elles les déposent sur un lit à côté duquel on allume un grand feu. La mère se place entre ces deux petits enfants pour permettre à chacun d’eux de téter les seins. Pendant qu’elle dort, elle ne peut pas tourner le dos à l’un d’eux. Ces mystérieux enfants reçoivent, le premier, le nom de Mbo, c’est-à-dire celui qui est sorti avant, et le second, le nom de Mpya, celui qui vient en dernier lieu. Ces jumeaux nécessitent de soins spécifiques qui ne peuvent être assurés que par des personnes spéciales (la mère et la servante) selon la coutume, pendant ce temps, celles-ci ne peuvent manger que les repas préparés par une autre mère des jumeaux.

Et le vin qu’elles prennent doit être tiré du palmier  ntsam par le nouveau père des jumeaux.

La durée de réclusion est de dix-huit jours. Étant donné que la durée normale de réclusion pour un enfant ordinaire est de neuf jours, on prend deux fois le nombre neuf (9) pour que l’enfant devienne fort. Ces petits-enfants sont nourris par les maîtresses durant toute leur enfance. Et ce sont elles qui doivent animer tous les jours. Les danses, accompagnées de boissons, se donnent chaque jour, du matin au soir. Chaque fois, après la neuvième chanson, intervient l’interruption qui permet à l’assistance et aux danseuses de souffler. Après l’interruption, une femme entonne : Bamayi, bamayi, bamayi, c’est-à-dire mes pairs, mes pairs, mes pairs, et l’assemblée répond : Eryankoo, eryankoo, c’est-à-dire nous sommes prêtes, nous sommes prêtes, nous sommes prêtes.

Elle entame de nouveau une série de neuf chansons et cela, jusqu’à la sortie des jumeaux, c’est-à-dire le jour du Mukal 109 . Cette sortie se fait en file indienne dont les tambourinaires en tête sont suivis de quelques chantres. Ces derniers se placent toujours devant le nouveau couple et les nouveau-nés qui sont entre les bras des membres les plus âgés. Tous marchent en dansant. Ils arrivent dehors où le public applaudit très fort. Une femme entonne de nouveau et les autres reprennent en chœur. Dès que la chanson termine, à travers une autre chanson, on demande aux nouveaux membres de prouver au public qu’ils sont devenus parents des jumeaux. Les deux parents doivent danser. Ainsi, les nouveaux parents rentrent chez eux en paix et continuent leur vie conjugale. » 110

Plusieurs faits nous aident à comprendre en quoi les jumeaux sont des êtres mystérieux. Ils le sont, en réalité : ils ont un pouvoir supérieur à celui de tous les hommes, et qui ne vient que des Ancêtres. Tout accès aux jumeaux exige le respect d’un certain code culturel mystérieux : des interdits, les bikn (interdiction stricte jusqu’à la mort) propres aux jumeaux sont donnés aux nouveaux géniteurs des jumeaux (poser chacun l’acte sexuel extraconjugal 111 avec un partenaire différent et inconnu) ainsi qu’aux nouveaux membres de l’Association des parents jumeaux (ne pas manger la plante « oseille »/le poisson nsié/la chair du coq ; ne pas se laver nu ni émettre une voix buccale pour répondre de l’intérieur/marquer d’un signe le lieu de demi-tour brusque). La tradition Ding reconnaît respectivement à l’oseille, au poisson nsié et à la chaire d’un coq les signes de la mollesse, et donc de manque de force et de vitalité. Qui en mange fait, par lui, attirer la faiblesse et la paresse pour les jumeaux et tous les membres de leur village. Par assimilation, c’est un présage d’insuccès et de régression dans tous les domaines. Ce, à partir de quoi, l’intégration de nouveaux membres dans l’Association devient effective, et leur statut particulier, les retranchant quasiment du reste des parents du village, est confirmé. Ils ne mangent ni ne sont plus comme tout le monde. Ils incarnent, cependant, un statut et une nouvelle culture, tout en restant membres à part entière de leur société initiale. Par ces interdits qui les placent comme des êtres « à part », les membres assimilés à ceux de la famille royale, à leurs familles et aux nouveaux parents de jumeaux, et le roi lui-même, jubilent pendant toute la période de réclusion. Ils doivent faire preuve de modestie et de tempérance, et viser au plus haut point la reconnaissance traditionnelle individuelle, collective et sociale du pouvoir de ces nouveau-nés ainsi que de leur statut. Par très grande commodité socioculturelle, les Ding se devaient d’observer ces interdits afin d’éviter, d’une part, des maladies éruptives comme l’épidémie des plaies (mpoar) et des abcès (mayn) et, d’autre part, la stérilité du sol.

Tout est fait pour permettre également leur considération, mais aussi l’adhésion ou l’agrément des responsables et des structures sociopolitiques comme si c’était une petite investiture royale sous sa forme nouvelle. Le changement de place, l’insigne royal (un anneau attaché au poignet gauche), l’obligation de clôturer les manifestations de la naissance gémellaire un jour férié traditionnel Ding– mukl-, la mise ensemble d’importants objets rituels et de provisions nécessaires pour la fête, mettent en jeu deux faits. D’une part, ils signifient l’implication sociale individuelle et collective des uns et des autres ainsi que l’expression de valeurs de l’humilité et du respect du roi vis-à-vis des nouveau-nés et de la société. D’autre part, ils expriment la collaboration, la solidarité, la joie, la communauté par la contribution de différentes classes sociales, l’unité et l’entente entre le roi, sa famille et assimilés et les géniteurs de nouveaux jumeaux considérés comme futurs « rois ». Le choix du jour férié traditionnel Ding et l’arrêt de travaux de champs par les membres de villages le jour de la sortie de jumeaux de leur réclusion ne signifient pas uniquement le repos et le respect du jour férié par tous. Ces « rites » montrent aussi bien, de leur côté, le respect de membres de villages à leur roi qu’à ses futurs modèles, les jumeaux. En participant ainsi activement à cette somptueuse cérémonie, ils ne garantissent pas uniquement la vie et le pouvoir de nouveaux jumeaux, desquels ils espèrent obtenir des bénédictions mystérieuses, ils protègent également leur propre vie. Toutes les personnes, présentes ou absentes, vivantes ou mortes, visibles et invisibles, mortes et non encore mortes, s’engagent, par cette cérémonie, à vénérer ces êtres mystérieux et recevoir, par eux et leurs parents, les bénédictions rituelles.

En outre, le retrait de toute l’assistance, la réduction intentionnelle des présences et visites aux « initiés », soit les mères et parents d’anciens jumeaux et la sage-femme, la réclusion des membres effectifs, en général, et de la maman de nouveaux enfants, en particulier, le tri méticuleux des hôtes de la mère des jumeaux, l’impératif de louer les futurs-rois considérés comme des porte-bonheur et gages du succès, par la danse quotidienne dans une commune et permanente harmonie, et le contrôle numérique de chansons traduisant les sentiments de tous, précisent tout autant le caractère mystérieux de ces enfants. De plus, la construction d’une clôture supplémentaire, l’interdiction d’y accéder aux « néophytes », la position centrale de la mère des jumeaux sur le lit, le choix spécifique des personnes chargées de leurs soins, -leur génitrice et la servante- et du tireur de leur vin de palme, la prolongation de la durée de leur réclusion deux fois neuf jours par rapport à celle d’enfants ordinaires, ainsi que des restrictions au sujet des statuts de celles qui sont chargées de nourrir la mère et la servante, confirment davantage la nature mystérieuse de nouveau-nés, leur statut et leur puissance. Même à la source d’une rivière, le jour de la fête de la sortie de jumeaux, le responsable les cache pendant le bain de purification et la bénédiction des masses. Mystérieux, les jumeaux le sont par la purification à l’eau et l’offrande d’une pièce de monnaie où tout le monde veut s’assurer de leur vie et de celle de tous. Exigeants, ils le sont aussi, dès leur naissance, en harmonie entre eux et forment une communauté signifiée à travers leur accueil collectif et somptueux. C’est-à-dire que tout se fait ainsi en équipe et en chœur, les chansons expriment la dynamique des rapports humains et les efforts partagés, mais soutenus progressivement par des superbes airs de la musique et leurs échos. Tout, pour les jumeaux, est essentiellement rituel et procédural. Face à ces êtres, tout doit ainsi se faire dans la fidélité et la stabilité ; on leur doit obéissance inconditionnelle sous peine d’être frappé de leurs « maux », de leurs « sorts ». Ces idées et expressions en témoignent. Par exemple : tous les jours, chaque fois, les mêmes maîtresses pour les nourrir, la série de neuf et mêmes chansons pendant leur réclusion, la même position des chantres à la fin de la réclusion, l’obligation de faire porter les nouveau-nés par les Associés les plus âgés (toujours devant le nouveau couple) et d’interdire l’immobilité pendant la procession, l’obligation faite aux parents de jumeaux nouveau-nés de déclarer, par un rite traditionnel spécifique (présentation officielle et danses) leur nouveau statut (parents des jumeaux) et leur intégration dans l’Association des Anciens membres et parents des jumeaux. Loin d’une conception folklorique, moins ritualiste ni conformiste, ce rite vise avant tout la santé physique et morale des jumeaux et de leurs parents, et l’unité des nouveaux couples. Quand tout ceci est respecté, les jumeaux peuvent être davantage et effectivement porteurs de bonheur aussi bien pour leurs propres parents, leurs maîtresses que pour la population tout entière.

Les valeurs de force, de protection, de pouvoir transparaissent du côté des jumeaux : ils ont, comme en situation inhabituelle, des valeurs innées qui méritent d’être promues. Comme les chiffres 3 et 12, 9 signifie la totalité. Pour les jumeaux, on a chaque fois besoin de 2 fois 9 pour confirmer leur force. Ces paroles trois fois entonnées, « Mes pairs, mes pairs, mes pairs », appelant, en un écho soutenu, l’effort d’autres femmes, célèbrent en même temps la cohésion du groupe et la valeur de la communauté. Tout se fait par et pour l’être total, l’initié qui est présent, et chaque membre de son corps, mais sans fatigue. L’insistance de ces refrains révèle l’endurance et la persévérance.

Vient la fin de la réclusion de jumeaux et de leurs parents ; elle se fait le jour de  mukl et marque la sortie officielle des jumeaux ainsi que leur bénédiction et, en même temps, celle des Assistants par les membres de l’Association afin de faire produire des effets bénéfiques et d’accorder aux hommes une étincelle mystique et divine venant d’en haut. Ces Membres sont ainsi perçus comme porteurs de ces valeurs : le courage, la paix, le bonheur et le succès. On pourrait quelquefois bénir sans faire usage de chansons, mais en badigeonnant de poudrele corps de chaque individu comme vœux de paix, courage, bonheur et réussite dans son entreprise. Toutefois, l’occupation et la position sociale de l’individu feront changer le contenu de paroles de cette bénédiction rituelle.

Quelques cérémonies préparatoires inaugurent ce rite. D’abord, à l’approche du jour férié traditionnel Ding, les nouveaux parents de jumeaux et le roi rassemblent d’importants biens en vue de la fête de jumeaux dès la matinée du jour J. Alors que ces deux alliés (les parents et le roi) fournissent, sans aucune différence, la viande, des poissons et du vin de palme pour la fête, seuls les parents de jumeaux apporteront ces symboles et insignes traditionnels du pouvoir royal et d’investiture de jumeaux : un sabot de gazelle mâle (kindzyan), un orteil de singe (ibvr la nkyam), une plume rouge de perroquet (inDingnGi la tinkoo), une plume de l’oiseau nkoal (lasaa la nkoal), les pagnes rouges en raphia (mbal) et les sonnailles (biyoy) et bijoux (midze). Ces symboles représentent respectivement, dans le chef des jumeaux, la douceur et la faiblesse, la sagesse et la souplesse, le prestige et le pouvoir, l'honneur et la richesse.

Les membres de l’Association sont, ensuite, hors de la maison de réclusion et l’encerclent. Remarquons que ce lieu est le point de départ et de rencontre finale de toutes les personnes venues fêter la sortie de jumeaux. Les membres utilisent, en particulier, une poudre médicale (le nkwum) faite d’un mélange de feuilles sèches et d’arbustes médicinaux auxquels on ajoute du kaolin et du fard rouge.  Aux environs de midi, ils se badigeonnent le corps de kaolin et, munis de leurs instruments de danse, ils forment deux files hétérogènes autour de la case de réclusion. Ils y exécutent trois chansons, dansent en file indienne en deux sens contraires. Un membre assez âgé est nommé comme chef de chaque file. Ces deux chefs se placent l’un en face de l’autre, devant la porte de la case, suivi chacun de ses membres. Pendant cette séance, ils égorgent un coq dont ils aspergent de sang les alentours de la case. Ils font neuf tours de la maison, en raison de trois par chanson. lls y entrent, enfin, prennent les enfants et leurs parents. Suivis de la foule, ils les emmènent à la source afin de leur donner un bain de purification.

Là, ils cachent les nouveau-nés et leurs parents, plantent deux palmes de chaque côté du cours d’eau, reliée l’une et l’autre avec une ficelle. Tenant en mains des feuilles médicinales, ils appellent l’immense foule de gens. Chaque individu se présente à tour de rôle avec son offrande, soit un meya 112 ou likuta attaché au poignet. Il passe sous la ficelle. Un nganG mayaa 113 lui frotte des feuilles médicinales mouillées sur le dos ainsi que le long des bras et jambes. Il les lui donne pour jeter dans l’eau, après lesavoir fait passer sous ses jambes. Le patient ne partira pas sans remettre son obole au membre bénissant. Dans la société Ding, les jumeaux sont porteurs de chance (Iyaa), ils sont donc appelés Banga mayaa. La mère des jumeaux détient une corbeille sacrée qui a le pouvoir de purifier la terre et donner de la chance (Nkwum) à ceux qui y recourent. Offrir une pièce de monnaie aux jumeaux signifie s'octroyer quelques chances, et donc la possibilité de rendre prospères ses activités agraires et fertile le sol. Les parents des nouveau-nés et leurs enfants seront également bénits, mais les membres doivent accompagner leur rite d’une chanson. À la fin, on coiffe les nouveaux parents et on jette dans l’eau les cheveux et leurs vêtements de réclusion. Ils deviennent, par ce rite, des sains et puissants hommes. C’est le symbole de purification et d’intégration dans la société.A l’issue de cette cérémonie rituelle, tout le monde regagne le village et, chemin faisant, avec des chants et des tambours rythmant leurs pas, tous jubilent.

Après le rite de purification et de bénédiction à l’eau, deux événements importants marquent le retour au village, dans la maison de réclusion : le repas rituel de géniteurs des jumeaux et des membres, et la présentation solennelle des nouveau-nés à la foule. D’une part, un ordre de service est respecté : les parents des nouveau-nés sont servis en premier, puis chaque personne venue à la fête. D’autre part, des personnes différentes rendent service, chacun étant servi par un nganG mayaa de son sexe. Accompagné de chansons, le service doit être simultané, et chaque géniteur doit manger neuf bouchées. A cet effet, la princesse a sous ses ordres une matrone qui est aussi sa servante et le prince a le sien. Ils sont chargés de nourrir les nouveaux nganG mayaa en leur servant toute la nourriture dans la bouche à l’aide des lamelles en bambou employées comme des fourchettes.

A la fin du repas, en file indienne, on sort les deux parents et nouveau-nés, on les présente à la foule qui clame aux sons de tam-tams et aux rythmes des chantres. Ces derniers précèdent le nouveau couple et les jumeaux portés par des membres les plus âgés de l’Association d'Anciens membres et parents des jumeaux, appelée Ba Ngaa Mayaa (Les porteurs de chances). Tous en tenue d’apparat marchent et dansent. Dehors, un public bruyant les accueille avec cris, battements de mains, chants en chœur, rires larges et exclamations prolongées, n’ayant pour seul souci que d’embrasser les nouveau-nés dans le respect de la coutume : celui qui veut les prendre dans ses bras et tout visiteur doivent offrir, de bon cœur, des cadeaux d’égale valeur à chaque jumeau afin d’éviter de provoquer la jalousie de l’un envers l’autre. Une fois les enfants sont dans les bras de visiteurs, les membres de l’Association lancent une première chanson, puis une seconde qui invite les nouveaux membres à confirmer au public leur statut de parents effectifs des jumeaux. Concrètement, chaque géniteur des jumeaux entonne à tour de rôle un chant. La chanson de la femme précédera celle de son mari et, chaque fois, les Anciens membres la reprennent et la font suivre progressivement de toutes les chansons de la série de neuf.

Les géniteurs des jumeaux ne doivent pas nécessairement être d’excellents danseurs. En revanche, ils sont obligés de danser et de participer à toutes les manifestations du jour, et ce sans préférence. Leur engagement a une finalité sociale : le respect de coutumes traditionnelles et leur accueil personnel de jumeaux. Au signal donné pour arrêter, à l’aide d’une chanson, cette cérémonie des parents de jumeaux, les Membres de l’Association commencent à nourrir le public, le faire danser et, plus tard, le bénissent.

Notes
109.

C’est le jour férié traditionnel et archaïque Ding.On comptait le quatrième ou le dernier jour de la semaine traditionnelle Ding qui ne dure que quatre jours : Mpya (1er), Idzaa (2è), Kaamna (3è), Mukl (4è).

110.

MVI OBEOYEN, J., La Femme et la Littérature Orale chez les Ding, Mémoire de Graduat en Pédagogie Appliquée, UNAZA, Institut Supérieur Pédagogique, Kinshasa-Gombe, 1983, p. 44-46.

111.

Ce rite que les Ding orientaux appellent ukya mbwa (prendre le chemin) consiste en ceci : « Le jour suivant, décrit Julienne Mvi, on oblige les deux nouveaux parents d’aller dans un (des) village(s) éloigné(s) pour avoir les rapports sexuels avec des personnes étrangères ignorant l’événement. C’est ce que les Ding appellent «mbwa », littéralement « route ». La pratique est traduite « kusini mayaa », c’est-à-dire « aller laisser (le phénomène) jumeau ». Chacun des parents s’accompagne d’une personne de son sexe en guise de surveillante. Cette dernière se munit d’habits neufs. L’homme et son surveillant vont d’un côté, la femme et la sienne de l’autre. Lorsque chacun d’eux attrape un partenaire sexuel, il en avertit son surveillant et l’informe sur le lieu et l’heure exacts où les rapports seront établis. À l’heure dite, le (la) surveillant(e) se rend sur l’endroit. Une fois qu’il (elle) les trouve sur le fait, il (elle) crie : « Aa, mukaa muor », ce qui veut dire « Ah, c’est l’épouse d’autrui ! », pour la femme, et le cas contraire pour l’homme. Au même moment, ils cessent les rapports, abandonnent les habits qu’ils portaient et prennent d’autres chez le (la) surveillant(e). Le partenaire s’enfuit. De là, on retourne au village. Un jour après leur arrivée dans leur village respectif, les deux époux et les nouveau-nés en compagnie de quelques anciens membres de l’association se rendent à la cité royale en vue de recevoir la bénédiction du souverain (Munken). Ce dernier fait de petites blessures au front des époux et suce leur sang. Les époux à leur tour agissent autant sur le roi. Celui-ci détache l’anneau qui lui était fixé au poignet le jour où on lui apprit la naissance de jumeaux en question. Pendant ce temps, on entonne trois chansons (répétées chacune trois fois)…On lève la cérémonie et les nouveaux membres rentrent en paix continuer leur vie conjugale après versement d’une redevance au roi (propriétaire du sol Ding). »

112.

Une pièce de monnaie de la société archaïque Ding.

113.

C’est le guérisseur traditionnel de porteurs de germes des jumeaux.