2. Les autres chansons

2.1. Les berceuses

Nous ne nous lançons pas dans une étude linguistique des genres littéraires. Nous préférons plutôt en analyser le contenu. C’est l’analyse de chaque thème qui y figure. Dans les chansons des berceuses, nous en avons retenu deux : l’inquiétude et la sécurité. Comme dans celles des jumeaux, les berceuses exaltent l’inquiétude, à quelque différence près. Dans les berceuses, l’inquiétude est manifestée quand l’enfant n’arrive pas à dormir facilement, malgré les nombreuses insistances et supplications de la berceuse. L’inquiétude peut être aussi causée chez cette dernière par les incessants pleurs de l’enfant insatisfait. D’une façon particulière, la berceuse est inquiète également quand les parents de l’enfant qu’elle garde la privent la nourriture ou inversement lui en donnent aussi bien une maigre quantité qu’une mauvaise qualité. Le comportement des parents cause davantage son inquiétude. Ils pourraient, par ingratitude, arriver à priver la nourriture à leur enfant alors que sa vie en dépend énormément. Quand il s’endort, la berceuse est inquiète. Son inquiétude est causée par le fait que celui-ci la laisse seule. On pourrait, en définitive, dire que, par rapport à l’enfant, elle veut que, par son sommeil, le bébé ait accès au repos susceptible à la fois de permettre sa croissance et de permettre à sa maman de terminer son travail. Car la femme Ding accorde de la valeur à son travail et tient à le terminer une fois commencé. La baby-sitter reproche aux parents de l’enfant l’avarice qui friserait la négligence de la vie ou de la santé de leur enfant ou l’égoïsme. Cette attitude ne favorise guère le sens de partage et l’épanouissement aussi bien chez l’enfant que chez sa nourrice, qui souhaite même former, avec l’enfant, une communauté (équipe) et, donc, une famille restreinte.

Outre l’inquiétude, les chansons des berceuses développent le thème de sécurité. Celle-ci est requise pour l’enfant et sa berceuse. Le sommeil de l’enfant le sécurise et crée en lui une confiance totale vis-à-vis de sa berceuse. Obligée de le surveiller, celle-ci se met, elle aussi, dans une situation de sécurité vis-à-vis de son entourage car toute atteinte à sa personne est évitée. C’est contre l’enfant dont elle a la responsabilité. « Aussi, par le sommeil de l’enfant, la gardienne a eu la vie sauve grâce à l’enfant. En effet, généralement chez les Ding, quand une femme ou une berceuse tient l’enfant dans les bras, on lui doit du respect. L’enfant est pour elle un sauveur. » 131

Notes
131.

MVI OBEOYEN, J., Op. cit., p. 50.