1. Initiation du jeune garçon.

Jusqu’à l’âge de 6-7 ans, un garçon n’est pas considéré comme un  ibaa, c’est-à-dire un homme. Il vit en effet sous la dépendance de sa mère, participe même à certaines de ses activités, il puise de l’eau, l’aide aux travaux des champs et du ménage, l’accompagne à la pêche. Aussi, à cet âge, lui permet-on de consommer certains mets interdits aux hommes. Passé cet âge, le petit garçon devient le fidèle compagnon de son père qui, avec le concour éventuel de l’oncle maternel, va le façonner pour le rendre adulte et autonome. Son initiation consiste à lui apprendre certains travaux, par exemple l’accompagner aux champs et, plus tard, en préparer un et aiguiser les outils nécessaires comme les machettes, les haches, les flèches. Toutefois, le père lui apprend aussi à ne pas s’amuser avec des outils de travail, quand par exemple il utilise une machette qui n’est pas à sa taille. Le père l’initie également à la vie des hommes. Il est à ses côtés au « forum » sur la place où s’assemblent les hommes pour régler la vie du village, trancher les palabres. Ainsi, aux côtés de son père ou de son oncle, il apprend tous les secrets de la vie. Cette proximité forme chez le jeune garçon l’attention, le sens de l’observation et du regard ; il acquiert l’aptitude à imiter ce que fait son père : travaux, gestes, attitudes et paroles. Il apprend, par exemple, des proverbes ou des contes, dans le cas d’une palabre, pour acquérir la sagesse traditionnelle africaine. En effet, en faisant comme son père et en acquérant la maîtrise de ces « techniques » traditionnelles, il devient habile et indépendant économiquement. Il considère désormais son père comme son point de référence et son initiateur. Le père réalise certains travaux en compagnie d’autres hommes, avec qui il cultive son champ, récolte son vin et va à la chasse ; le jeune garçon est introduit dans leur communauté. C’est une occasion pour lui d’écouter et d’apprendre les petits secrets de la vie. Avant son mariage, événement qui consacre sa maturité, il collabore étroitement avec son père. Progressivement, il s’en détache, achète des instruments de travail, exploite seul la terre, et se réserve les fruits de son labeur. À travers tous les travaux et les moments de rencontre, il apprend le sens du travail et du service bien fait, la persévérance dans le travail et l’art de réfléchir, de raisonner et de juger. On lui inculque aussi la vie en équipe et le contact avec les activités masculines. Dans sa globalité, l’éducation des jeunes fait appel à la participation de tous les membres de la communauté, mais le rôle prépondérant revient tout naturellement aux parents. Parmi ceux-ci, il faut essentiellement nommer le père et l’oncle, chef du clan, qui, chargés de l’intégration dans la grande famille, sont les principaux acteurs. À côté d’eux, des initiateurs spécialisés complètent la formation des jeunes : guérisseurs, divinateurs, forgerons, danseurs et autres hommes de métier. Les jeunes plus âgés aideront le jeune garçon à faire ce qu’il n’a pas pu voir chez son père ou chez son oncle, et à parfaire son éducation. Il ne faut pas oublier ici le rôle de l’ancien ou des aînés. Ils accueillent l’enfant, le jeune, le laissent faire, l’observent en vue de créer une affinité avec lui avant de lui faire partager ce qu’il sait, fait, avant de lui confier des missions.