III. - Valeurs africaines traditionnelles

Valeurs africaines traditionnelles
1 La vision spirituelle de la vie : un lien existe entre les êtres et la nature elle-même, et le monde invisible et spirituel, l’homme n’étant pas purement et simplement une matière ou un être limité à la vie terrestre, mais toujours en rapport avec la vie de l’au-delà.
2 Dieu est cause première et dernière de toutes choses.
3 Le respect de la vie humaine, le respect de l’homme, de ses droits et ses obligations.
4 Le sens de la famille à laquelle l’attachement est marqué par le respect du père et de son autorité. La famille est source de protection, de sécurité, de continuité par l’union aux ancêtres.
5 La vie communautaire au-delà de la famille restreinte et de ses membres, dans la parenté.

Les êtres et la nature elle-même, le monde spirituel et le monde invisible, sont deux groupes de réalités qui se réfèrent à la catégorie de la même réalité, la vie, l’un étant matériel, l’autre spirituel. L’homme est à la fois un être matériel et un être spirituel, donc essentiellement terrestre mais aussi relié à la vie de l’au-delà. C’est en tant qu’être spirituel que l’homme entre en relation avec Dieu, Source et Fin de tout ce qui, comme lui, existe. Dans cette perspective, Dieu pourvoit à l’existence et à la croissance de la vie, de toute la création, y compris de ce qui motive davantage l’homme à s’attacher à ce Dieu et à ses semblables et à la création toute entière. Cet homme vit donc en accord avec la nature ; c’est lui qui est le réceptacle de la Sagesse et de la culture. C’est de lui que part l’esprit d’entraide et c’est à lui qu’on rend le même esprit. En tant qu’être terrestre, cet homme se fait proche directement des autres hommes, il agit en responsabilité partagée avec eux pour la promotion de la vie, la reconnaissance et l’existence de leur Dieu là-haut, et de ce qu’il a créé, ce qui est visible ou invisible.

Loin d’être secondaire, la valeur de la vie est d’importance. Elle passe par des hommes qu’on est tenu de respecter, y compris pour ce qui légitime son existence, et pour laquelle la famille assure la garantie et la continuité en lien avec les vénérés ancêtres. Un double hommage est ici rendu aux ancêtres et aux personnes âgées. La famille veille sur cette vie personnelle, et communautaire, assurant la joie et la paix de ses membres restreints et élargis. Par le respect du père et de son autorité, la piété filiale et le patriotisme, sont également transmis des aspects positifs des valeurs traditionnelles de la famille et de la vie communautaire, de la politesse et du savoir-vivre.

Les Ding entretiennent un rapport étroit avec la vie. C’est une des leurs valeurs fondamentales. Ils distinguent la vie spirituelle de la vie naturelle, la vie de l’au-delà de la vie matérielle. La vie de l’au-delà est placée au-dessus de toutes les autres catégories de la vie. C’est d’elle que dépendent ces dernières et vers laquelle elles s’acheminent, c’est-à-dire qu’elle apparaît comme l’objet de référence. On peut émettre cette hypothèse : ce rapport des Ding à la vie n’est pas simplement utilitaire, mais coloré d’affectivité. Ce sont des rapports qui renvoient à des représentations sociales des Ding sur la mort et la vie. Cette relation de type psychologique entretenue à l’égard de la vie est une relation de dépendance.

Cette primauté accordée à la vie de l’au-delà tient à ce qu’elle est symboliquement identifiée à ce qui est au ciel et, donc, du ressort de Dieu. C’est là la demeure de Dieu qu’ils considèrent comme le Principe Premier et dernier de toutes choses. En cela, on voit s’établir, chez les Ding, à la fois les rapports vertical et horizontal, c’est-à-dire la relation des Ding avec Dieu d’une part et avec l’homme d’autre part. La seconde relation trouve cependant sa pérennité ou sa vitalité dans les ancêtres auxquels tout le monde doit s’unir par la famille et la communauté

Plusieurs attitudes ou variables internes sous-tendent ces rapports : le respect, l’union ou l’attachement. Ces sentiments affectifs ne peuvent en aucun cas être négligés. Des variables externes sont également présentes : l’autorité du père, le respect de l’homme, de ses droits et ses obligations. La figure du père est ainsi déterminante pour comprendre la famille.