III. - Le projet colonial : « Civilisation »

Les caractéristiques de l’action coloniale depuis l’annexion du Congo jusqu’au-delà de la Deuxième Guerre mondiale sont : « Une administration fortement disciplinaire et contraignante vis-à-vis des populations noires et au service d’une économie capitaliste en pleine expansion entraînant l’essor d’urbanisation. » 186

Le projet colonial de « civiliser et de moderniser l’indigène » était essentiellement confié aux missionnaires catholiques et protestants. Il avait pour ambition de mettre en valeur le pays, de moderniser les institutions locales et de « civiliser » les peuples dépourvus de « civilisation ». L’initiative de Louis Franck, ministre belge des colonies du Gouvernement libéral (1918-1924), démontre des gestes de bonne volonté et un réel désir de collaboration en octroyant, par exemple, des subventions pour le fonctionnement des écoles. Une telle collaboration devait sans doute mettre le missionnaire au service de la colonisation mais, sur le terrain des autochtones et celui des missionnaires, ce furent des relations fort conflictuelles, qui tenaient à la divergence des moyens adoptés par chaque partenaire pour atteindre pourtant les objectifs globaux. La grande revendication des colonisés est d’ordre humain comme l’écrit l’historien congolais Isidore Ndaywel è Nziem : « La reconnaissance, par le Blanc, et son respect pour leur dignité d’hommes, pour leur pleine valeur humaine. » 187 Mais, avant de nous attacher aux réactions des Ding, nous avons estimé nécessaire de les situer dans l’ensemble des réactions 188 générales au Congo. Chez les populations Ding, déjà, « à la suite de l’administration imposée par le pouvoir colonial, une partie de ces Ba Dinga se trouve aujourd’hui dans le secteur de Banga sous l’autorité des Ba Mbunda.» 189

Notes
186.

TSHIPUNGU, J., Op. cit., p. 95.

187.

Cfr. NDAYWEL E NZIEM, I., Histoire du Zaïre. De l’héritage ancien à l’âge contemporain, Louvain-la-Neuve : Duculot, 1997, p. 394.

188.

D’une manière générale, au Congo, ces réactions touchaient trois aspects : l’aspect culturel, l’aspect politique et l’aspect moral. Du point de vue culturel, il s’agit des réactions contre le projet de « civiliser » en soi d’une part, et de l’autre, contre ses méthodes.

189.

Ibid., p. 15.