4. La polygamie.

La polygamie ancestrale est une institution qui assure le prestige personnel du polygame. En tant que telle, elle joue un rôle social, économique et politique important. Pour gagner à l’Eglise la société indigène tout entière, il faut conserver ses cadres traditionnels, s’attacher à la conversion de la caste dirigeante, celle des bamfumu ou hommes libres. Mais, ce sont précisément les éléments les plus rebelles à toute conversion, parce que polygames. En outre, dans certaines régions, le nombre de femmes l’emporte considérablement sur celui des hommes. La polygamie traditionnelle, obligatoire, relève de certaines fonctions précises : le notable et le chef. Un notable Ding est, en général, polygame, comme le sont les chefs de Groupement ou de terre, et les chefs des villages. Toutefois, à certains moments de son histoire, l’ethnie Ding a vu des chefs de Groupement comme le Chef actuel de Munken Mbel ou de village non polygames. Au niveau social et en vue de son investiture, il était acquis qu’un chef Ding le devenait, afin d’exercer officiellement sa fonction. Cette forme de polygamie n’avait pas simplement une valeur de signe extérieur de prestige, d’autorité ou d’influence sociale, elle était aussi un signe extérieur de richesse. Tandis que le polygame traditionnel joue un rôle social et politique dans l’exercice de sa fonction de chef ou de notable, ses épouses, elles, ont un rôle économique et sociopolitique d’importance. Femmes de prestige pour leur époux, certes, elles constituaient, d’une part, une grande main-d’œuvre féminine pour l’autosubsistance et l’épargne de la communauté locale et, d’autre part, elles étaient des « artisans » de paix et d’unité entre leurs clans ou tribus. Elles pouvaient faciliter la réconciliation entre clans ennemis.