2. Education pendant la Ière République du Zaïre : De 1960 à 1965.

Pluralisme dans l’enseignement national au sujet de l’école.

  • 1960 : La loi fondamentale décrète la liberté de l’enseignement et impose aux pouvoirs publics de rendre l’école accessible à tous les enfants, en créant les établissements publics nécessaires et en subventionnant les établissements privés.
  • 1962 : Signature ou renouvellement des conventions particulières entre l’Etat et les diocèses.
  • 1964 : Promulgation de la première constitution du Zaïre, créant et restructurant l’Enseignement national.

Un constat généralnous amène à dire que, de 1960 à 1965, l’enseignement est un monopole étatique. Seul l’État est le pouvoir organisateur et le propriétaire de toutes les écoles. C’est lui qui pourvoit à la gestion et à l’administration scolaire dans toute l’étendue du pays. Cette idéologie marque tous les pays africains après l’indépendance. Au-delà de sa responsabilité politique, l’État prend en mains et le politique et l’économique et le social. Il est le garant du bien commun et, en matière d’éducation, il se donne pour objectif de définir la structure juridique de l’enseignement national. Car l’État congolais adopte et accueille la formule « Enseignement national », que définit la Constitution de 1964. Ainsi, Busugutsala écrit : « En effet, la Constitution confère à l’État un rôle central mais non exclusif en matière d’enseignement » 484 .

Pendant cette période, si l’État a un rôle central, mais sans exclusivité, qu’en est-il de sa collaboration avec l’Eglise qui refuse l’étatisation de tout l’enseignement ? Trois conséquences caractérisent de façon générale cette collaboration : l’inefficacité des structures mises en place; le clivage Etat-Eglise; le manque de crédibilité de l’Eglise auprès de l’Etat. Une collaboration évidente, mais subtile à la fois ! Cette subtilité trouve son explication dans ce que l’État donne à penser de l’Eglise. Quelle conception avait-on de l’Eglise à ce moment-là, qui fait qu’elle ne semble pas crédible ? Est-ce une «Eglise-Institution » ? Ou une « Eglise-Structure ?»  Cette question d’ecclésiologie, constate Busugutsala, oblige les évêques à trouver une nouvelle ecclésiologie. Vatican II leur en inspire une : celle de « l’Eglise comme peuple de Dieu, au sein duquel les laïcs doivent retrouver leur place dans le sacerdoce commun des fidèles, et où la relation Eglise-Monde est davantage conçue comme service» 485 . En revanche, de façon positive, la collaboration entre l’Eglise et l’État permet la liberté de l’enseignement, avec le droit d’organiser une école. Sont mis ainsi en place le respect de la liberté, l’éducation au respect de la liberté et l’éducation à la liberté même. Dans ces conditions, déclare Busugutsala, la Constitution de 1964 garantit la liberté religieuse et la formation morale et spirituelle 486 . Elle aide à comprendre le fonctionnement d’un régime politique. Bref, l’itinéraire politique de l’Enseignement national a permis et l’autonomie de l’Eglise et l’autonomie de l’État, ainsi que la collaboration entre ces deux Institutions, pour s’épauler l’une l’autre et garantir un respect réciproque de leurs idéaux. Cette disposition générale d’autonomie et de collaboration fait appel à :

  • - la neutralité dans les cours de formation générale, pour permettre, dans les écoles nationales organisées par l’État, le respect de toutes les conceptions religieuses et de toutes les conceptions philosophiques.
  • - l’accueil, dans les écoles nationales organisées par les Associations privées, des enfants qui ont des convictions religieuses et des positions philosophiques différentes. Deux aspects sont ici favorisés : la liberté du choix de l’école par les parents ; le respect des personnes et de leurs convictions, et celui des principes éducatifs de l’école. Ainsi se réalise cette collaboration avec, comme principes de base, l’obligation scolaire, la gratuité et le droit des parents à la liberté de choix de l’établissement et de l’éducation de leurs enfants.

Notes
484.

BUSUGUTSALA, G.G., Politiques éducatives au Congo-Zaïre. De Léopold II à Mobutu, Paris : L’Harmattan, 1997, p. 141.

485.

Ibid., p. 143.

486.

Ibid., p. 140.