4. L’éducation scolaire maintenant : du 17 mai 1997 à aujourd’hui (deuxième moitié de la III ème République)

17 mai 1997 : Début de la deuxième moitié de la IIIème République ; Fin du Règne du Président Mobutu, prise du Pouvoir par Laurent-Désiré Kabila et l’AFDL ( Alliances des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo-Zaïre). Changement d’appellation : Zaïre redevient Congo, et le pays est appelé République Démocratique du Congo.

8 janvier 2001 : Assassinat de Laurent-Désiré Kabila. Plan-cadre national pour la reconstruction du système éducatif de la République démocratique du Congo. C’est la Loi-cadre qui porte sur l’organisation du système éducatif en cours.

De 2001 à aujourd’hui : Règne du Président Joseph Kabila. La charte de l’éducation nationale est en cours.

La date du 17 mai 1997 marque l’avènement au pouvoir de Laurent-Désiré Kabila, qui devient Président aussi bien par l’AFDL (Alliances des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo-Zaïre) que par la guerre, pour continuer la IIIème République et le Gouvernement de Transition inaugurés le 24 avril 1990 par le Président Joseph-Désiré Mobutu. Cette conquête et cette prise de la République du Zaïre marquent la fin du règne de Joseph-Désiré Mobutu et de la République du Zaïre. Laurent-Désiré Kabila s’auto-proclame Président et procède au changement de nom du pays. Le « Zaïre », dans sa triple référence, devient en effet, avec l’AFDL, le Congo, comme pendant l’application des décisions de la Conférence de Berlin le 26 mai 1885. Le pays s’appelle la République Démocratique du Congo, en sigle R.D. Congo ; sa monnaie (zaïre) devient le franc congolais, et le fleuve Zaïre est appelé fleuve Congo. Ainsi donc, la triple appellation Zaïre-pays, Zaïre-monnaie et Zaïre-fleuve, sous Mobutu, correspond respectivement à Congo-Pays, Congo et Congo-Fleuve, sous Kabila. Le Gouvernement de Transition connaît le règne de deux présidents : Laurent-Désiré Kabila (du 17 mai 1997 au 8 janvier 2001: date de son assassinat), et Joseph Kabila, qui succède à son Père, depuis le 8 janvier 2001.

Dans le secteur de l’enseignement, ce Gouvernement se donne également des principes et des objectifs généraux pour organiser l’éducation. Le contexte de La restauration du Système éducatif est, à ce sujet, la règle de tous ces principes. Car l’éducation nationale est victime de la crise de la R.D. Congo dans le domaine social, économique et politique. Concrètement, on enregistre de façon alarmante : une forte dégradation des infrastructures scolaires, une démotivation du personnel enseignant, une régression du taux de scolarisation, des taux élevés d’abandon et de redoublement, la baisse de la qualité de l’enseignement, la tolérance dans la création des écoles, l’ignorance de leur identité et parfois de leurs objectifs premiers, le règne intense de « contre-valeurs »,…

D’une façon générale, le Gouvernement de Transition continue à être le pouvoir organisateur de l’éducation ; il divise l’enseignement en secteur d’écoles publiques. Il existe des écoles publiques officielles (Ecoles non confessionnelles) et des Ecoles publiques privées. Cette dernière catégorie se subdivise en écoles publiques privées confessionnelles (chrétiennes et islamiques) et écoles publiques privées non-confessionnelles. Pour garantir le fonctionnement de toutes, le Gouvernement définit les objectifs stratégiques de l’éducation : redynamiser le système éducatif, consolider son fonctionnement, reconstruire le système éducatif et en mettre un à la place, rénové, pour appliquer aussi les décisions des travaux des Etats Généraux de l’Education, de la Conférence Nationale Souveraine du Zaïre (CNS). Dans sa Déclaration de politique éducative et avec le souci de jeter les premiers jalons de la reconstruction du Système éducatif, Augustin Kamara Rwakaikara, premier Ministre de l’Education Nationale du Gouvernement de Transition en 1999, affirme que « la finalité de ce type d’éducation est donc de former des hommes et des femmes compétents, imprégnés des valeurs humaines, morales, spirituelles, culturelles, civiques, et artisans créatifs d’une nouvelle société congolaise, démocratique, solidaire, prospère et pacifique » 497 . Le Cabinet du Ministre précise : « Il s’agira avant tout de libérer l’homme lui-même de toutes les pesanteurs qui l’empêchent de participer efficacement au développement de son pays en suscitant en lui le savoir-être, c’est-à-dire des attitudes et des comportements qui le disposent à agir pour la promotion de sa condition de vie et en le dotant du savoir et du savoir-faire qui le rendent compétent pour participer à la reconstruction de sa société, sans oublier le savoir-vivre qui constitue le socle de toute vie en société » 498 . Dans les faits, le nouveau système éducatif, précise le ministre, repose sur ces axes principaux : « L’affirmation de l’éducation comme priorité absolue, l’organisation d’une éducation pour tous et par tous ; la réhabilitation de l’éducation aux valeurs humaines, morales, spirituelles, culturelles et civiques » 499 . Le titre premier de la loi-cadre portant l’organisation du système éducatif de la République démocratique du Congo, en même temps qu’il donne des dispositions générales en matière d’éducation, développe, pour les confirmer, les axes principaux de l’éducation. Le même titre traite, entre autres, de l’objet et du champ d’action du système éducatif national, de ses mécanismes et de ses instruments de gestion du système. Il traite aussi des orientations fondamentales autour desquelles s’articule l’action éducative : l’éducation priorité des priorités, l’éducation de base pour tous, le partenariat en matière d’éducation, la professionnalisation de l’enseignement, l’éducation aux valeurs humaines, morales, spirituelles, culturelles et civiques, l’intégration des valeurs culturelles, la décentralisation du système éducatif, l’éducation permanente, la lutte contre les inégalités en matière d’éducation, l’éducation physique et sportive.

Dans la nouvelle perspective, la philosophie et les objectifs de l’éducation ne sont plus prioritairement politiques ni économiques. Profondément, toute action éducative en R.D. Congo se doit de poursuivre quatre objectifs, et de les réaliser tous à la fois. Ce sont des objectifs humanistes, qui consistent à former « l’homme de culture qui a un sens moral élevé, soucieux du bien, du beau, du vrai et de la justice » ; des objectifs socio-politiques qui visent l’intégration de tout congolais dans sa communauté et l’acquisition d’un sens aigu du bien commun, d’une bonne culture de la démocratie et de la paix, ainsi que de l’ouverture aux autres ; des objectifs économiques, tels que l’enfant, qui apprend à apprendre, apprend surtout pour produire, car il est initié aux préoccupations économiques du pays, qu’il doit intérioriser et réaliser à chaque niveau de sa formation (primaire, secondaire, supérieur et universitaire). De plus, grâce aux objectifs professionnels, l’enfant congolais doit pouvoir se rendre compte de la fonction utilitaire de son savoir et de son savoir-faire, et y exercer en même temps son savoir-être. Dans cette optique, « l’éducation doit motiver graduellement l’apprenant vers l’amour du travail productif et vers le goût et le choix d’une profession» 500 . Quelques objectifs particuliers l’aident à y arriver, par exemple la réforme des programmes de tous les cycles, pour permettre une meilleure adaptation aux besoins nationaux du développement ; l’acquisition des aptitudes pratiques pour la compréhension des activités et la résolution des problèmes des différents milieux de la vie ; la réactualisation de l’enseignement technique et professionnel et sa modernisation en vue d’une professionnalisation réelle et adaptée aux besoins du pays ; la préparation d’une nouvelle génération de cadres congolais conscients de leurs responsabilités dans le processus de développement socioéconomique du pays et du rôle qu’ils devront jouer dans la transformation des structures sociales, économiques, mentales et culturelles ; assurer la culture intellectuelle par l’alphabétisation, surtout de la femme et des personnes défavorisées.

Tous ces objectifs doivent, selon le souhait du Gouvernement de Transition, être poursuivis et réalisés instantanément. Pourtant, on sait avec quelles difficultés déjà la IIme République avait essayé de sortir l’enseignement de sa crise. Pour y arriver, elle estime que les hommes et les femmes du Congo doivent avoir une valeur personnelle et concilier cette nouvelle valeur avec les valeurs morales et les fondements culturels de la nation. Enfin, il convient de savoir quelle idéologie constitue le fil conducteur à toute la politique éducative de la IIIme République et ses grandes orientations. Dans le texte de Déclaration de politique éducative, nous les lisons aisément : « La définition du nouveau type d’éducation ; la formulation de grandes priorités et des stratégies des actions à entreprendre ; la détermination du niveau de responsabilité de tous les intervenants dans le secteur éducatif ainsi que du mode de financement de ce secteur » 501 . Au plan théorique, le Gouvernement de Transition conceptualise les phases de réalisation des actions à entreprendre par le Plan-cadre nationalen vue de la reconstruction du Système éducatif. Il en fixe les étapes à court, moyen et long termes. À travers ces échéances, on doit respectivement répondre aux urgences pour le maintien de ce qui existe déjà, mettre en place les fondements du Nouveau Système éducatif, par la conception, l’expérimentation et l’évaluation de ce que l’on souhaite rénover et rendre opérationnel le nouveau système éducatif à tous les niveaux et sur toute l’étendue du Congo. Des écoles publiques et privées suivent obligatoirement en effet les mêmes programmes officiels nationaux et l’enseignement secondaire est sanctionné, pour tous les élèves, par des Examens nationaux d’Etat donnant lieu aux Diplômes d’Etat (équivalent d’un Bac français).

Tous ces efforts du projet d’une Charte nationale de l’Education prolongent et confirment les conclusions des États Généraux de l’Education. De plus, le Gouvernement de Transition propose de mettre au service du secteur éducatif la Loi-cadre, instrument juridique important pour la gestion et l’administration de l’enseignement en R.D. Congo. Parmi les motifs 502 de la rédaction de la nouvelle Loi-cadre nous en reprenons deux, qui donnent l’esprit de cette Loi. Le premier : « La présente Loi intègre des options et s’inscrit dans l’esprit de la Loi fondamentale régissant le pays, c’est-à-dire la Constitution de la République Démocratique du Congo, spécialement dans ses dispositions relatives au droit à l’éducation ainsi qu’à la répartition des compétences entre le Pouvoir central et les Provinces. » - Le second : « Elle a été élaborée, par ailleurs, dans le respect de l’esprit des conventions et Chartes internationales auxquelles la République Démocratique du Congo a souverainement adhéré, c’est-à-dire : la Déclaration universelle des droits de l’Homme, la Déclaration des Droits de l’Homme et des Peuples, la Convention relative aux Droits de l’Enfant, la Déclaration mondiale sur l’Education pour tous, la Déclaration africaine des droits de l’Homme et des Peuples ».

Notes
497.

MINISTERE DE L’EDUCATION NATIONALE DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO, Plan-cadre National de la Reconstruction du Système Educatif de la République démocratique du Congo. Déclaration de politique éducative (Avant-projet), Kinshasa : Cabinet du Ministre, août 1999, p. 4.

498.

Ibid., p. 4-5.

499.

Ibid., p. 5.

500.

MINISTERE DE L’EDUCATION NATIONALE DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO, Plan-Cadre : Déclaration de politique éducative, (Avant-Projet), Kinshasa : Cabinet du Ministre, août 1999, p. 13.

501.

MINISTERE DE L’EDUCATION NATIONALE DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO, Plan-cadre national pour la Reconstruction du Système Educatif de la République Démocratique du Congo : Déclaration de Politique éducative, (Avant-projet), Kinshasa : Cabinet du Ministre, août 1999, p. 16.

502.

MINISTERE DE L’EDUCATION NATIONALE DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO, Plan-cadre national pour la Reconstruction du Système Educatif de la République Démocratique du Congo. Loi-Cadre portant organisation du Système Educatif de la République Démocratique du Congo, Kinshasa : Cabinet du Ministre, août 1999, p. i.