Dans le second groupe, il y a des valeurs unanimes qui ne sont pas uniquement partagées par les sociétés totalitaires, mais aussi par les communautés traditionnelles, dont les « braves gens » sanctionnent ceux qui ne pensent pas comme eux. C’est le cas de l’occultisme et de la sorcellerie claniques chez les Ding orientaux. « En général, dans la conception Ding, ce n’est pas n’importe quelle personne dans le village qui pouvait détenir les ndoki. C’était une affaire jalousement réservée aux chefs de clans, du village ou à une catégorie de la communauté. Ainsi, pour les Ding, le kindoki (la sorcellerie) se transfère du père au fils, de l’oncle au neveu. Il ne fallait pas le prendre ailleurs, car chaque communauté a ses secrets, sa tradition au sujet de ndoki et sa place dans la confrérie » 518 . Cependant, une fois la loi de la contrainte affaiblie, la société devient pluraliste : il y aura non seulement pluralité de pensées (ou d’idéologies) ; mais « polythéisme » de valeurs, et si, par exemple –le cas du Congo- il n’y a pas tolérance entre les systèmes de valeurs divergents, leur coexistence devient impossible. On va assister à des fortes oppositions en raison de l’importance accordée plus à des conflits de valeurs commandés par des émotions et des passions qu’à des conflits d’intérêts (ou des besoins). L’identité des opposants sera ainsi définie par exemple par le nationalisme ou la religion.
Annexe sur l’Enquête, Question n° 25.