III. - Enjeux socio-éducatifs : reconnaissance des principes et valeurs existants.

Dans une volonté commune de changer des mentalités, l’Etat et les Eglises voient l’importance des valeurs éthiques, et aussi la progression d’anti-valeurs qui font le lit d’intérêts particuliers. Ils voient également, avec beaucoup de regrets, que la vie sociale et les établissements scolaires deviennent la proie de telles anti-valeurs. L’engagement social irréversible de ces institutions pourrait s’enraciner solidement, confirmant l’importance du souci national de répondre à l’obligation de permettre à tous les Congolais d’exercer leur droit à l’éducation par l’école, et de réaliser « la formation harmonieuse de l’homme congolais, citoyen responsable, utile à lui-même et à la société, capable de promouvoir le développement du pays et la culture nationale. » 545 La collaboration Etat-Société au sujet des écoles pour y assurer l’éducation aux valeurs se cristallise également dans l’implication effective des parents dans l’éducation de leurs enfants. Car ils y ont un rôle non négligeable, et il en va de leur dignité. Déjà en 1995-1996, l’insistance porte sur « la consolidation des conseils pédagogiques dans toutes les écoles et paroisses, la création et la généralisation des comités scolaires des parents (…) et l’institution des associations des parents des élèves des écoles (…) » 546 Il faut un principe éthique qui sous-tende ces trois conseils pratiques.

Tout ceci parce que l’éducation est un moyen efficace de parvenir à l’amélioration de la qualité de la vie des citoyens Congolais, vue dans son aspect le plus global. A ce titre, elle peut rétablir l’unité nationale de la RDC. Comme le déclare le Recueil des Directives et Instructions officielles :

‘« La jeunesse, c’est le Zaïre de demain. Le Zaïre sera demain ce que nous aurons fait aujourd’hui de la jeunesse. » 547

La jeunesse, c’est autant celle qui est scolarisée à tous les niveaux que non scolarisée. L’Etat et les Eglises précisent que, pour les Universités et les Instituts Supérieurs, il y a nécessité de  la formation intégrale des étudiants et de leur formation éthique. Ces institutions soulignent tout autant l’implication et l’engagement nécessaire des autorités académiques et des professeurs dans cette formation.

‘« La création et l’extension des écoles d’assistants sociaux pour assurer un meilleur encadrement moral" 548 viennent à point nommé, et constituent un des moyens efficaces de réaliser le redressement des citoyens et de renforcer le rôle de l’école dans la formation de ces derniers et sa place dans l’effort collectif de changement des mentalités. Doivent être également considérées « la réinstauration dans tous les établissements scolaires des cours de religion, de morale ainsi que la revalorisation du cours de civisme et développement dans les Universités et Instituts Supérieurs» 549 . Ce rôle peut également s’éclairer et se consolider à partir de ce quatrième principe d’éthique, à savoir la Conception d’une société pluraliste : consensuelle et contractuelle, autonome et démocratique. En conséquence, prise en compte d’une société intégrée et ouverte dans un Etat de droit.’ ‘« Le document qui fait état du Nouveau système éducatif dénonce une série importante des causes de ces échecs répétés. Elles vont de l’absence d’une réelle volonté politique à la dévalorisation de la fonction enseignante en passant par les difficultés liées aux infrastructures insuffisantes et à d’autres facteurs dont la liste serait longue. Mais il faut souligner ici ce que le document évoque aussi et qui certainement a, dans les échecs connus, la part de responsabilité relativement importante : le manque de financement de l’éducation.» 550

Nous rassemblerons dans les pages qui suivent les éléments de « solution », pour essayer de retrouver les fondements philosophiques des pratiques, les points de convergence entre l’Etat et l’Eglise, et la manière dont les deux Institutions pourvoient à l’éducation aux valeurs.

Notes
545.

R.D.I.O., p. 13.

546.

MAY MUKE, L., « Instructions relatives à la rentrée scolaire 1995-1996 », Kinshasa : Bureau de Coordination Nationale des Ecoles Conventionnées Catholiques 1995, p. 6 (Lettre Circulaire).

547.

Idem.

548.

C.N.S.Z., « Déclaration Nationale des Principes d’Ethique », Kinshasa, 1995, p. 48.

549.

Ibid., p. 49.

550.

Cfr. DIMANDJA, C., « La mise en œuvre d’un nouveau type d’éducation d’après la Conférence Nationale Souveraine du Zaïre », in SEMAINES THEOLOGIQUES DE KINSHASA, L’éducation de la jeunesse dans l’Eglise-Famille en Afrique. Actes de la XXI è Semaine Théologique de Kinshasa du 22 au 28 Novembre 1998, Facultés Catholiques de Kinshasa 2001 : Saint-Paul-Limete-Kinshasa, 2001, p. 378.