3. Raisons méthodologiques pour dire… Pourquoi cela n’a-t-il pas marché ?

Selon quelle (s) méthode (s) les réformes de l’éducation et le désir de changer les mentalités ont-ils été d’ores et déjà pensés ? Ces méthodes, partaient-elles de la propre histoire du système éducatif comme base solide de l’éducation en RDC ou s’en écartaient-elles complètement, pour poser des points de réformes désincarnées des attentes réelles de la Nation ? Partaient-elles de rien ? Envisageaient-elles la continuité par leur action ? Y avait-il de la cohérence entre les unes et les autres ? En nous servant de l’histoire de la philosophie pour faire l’histoire de l’éducation en RDC, nous avons voulu savoir d’où part le système éducatif de la RDC et avoir quelques paramètres avant de reprendre la discussion et la confrontation avec d’autres paramètres et les utiliser pour notre recherche. Nous adoptons ici le point de vue d’Olivier Reboul pour qui on ne peut faire de la Philosophie sans sa propre histoire : « on ne peut « faire de la philosophie » qu’en entrant dans son histoire, en découvrant que nos problèmes ont été déjà posés, qu’ils ont trouvé des solutions, plus ou moins valables, certes, mais qui du moins donnent une structure à nos débats. » 592 L’Histoire. Le passé. Le présent. L’avenir. Aucun de ces mots ne peut se comprendre dans ce contexte, sans complémentarité.

Avoir des valeurs reconnues unanimement objectives voudrait bien dire qu’on ait une seule morale acceptée pour tous. Or, on est continuellement en face d’une « subjectivation » des valeurs, qui ouvre à plusieurs morales. Il faut le constater. Mais, bien le faire serait justement une valeur. C’est avoir, comme le propose la Conférence Nationale Souveraine du Zaïre, les principes éthiques dans et par lesquels s’enracine et se justifie la moralité des valeurs. Ceci, pour éviter de retomber dans le dogmatisme des valeurs, dans ce qui détruirait la valeur des valeurs. Force nous est de constater que chez des concepteurs congolais des politiques éducatives, on traitait les valeurs de façon relative, et qu’il y a eu, selon « la relativité des valeurs ». Nous retrouvons, dans la Philosophie du Recours à l’Authenticité, la tentation au relativisme. Les principes de son application et le mode de son déploiement confirment la « subjectivation » des «sources propres ». On en arrive en effet, par cette philosophie, à la relativité des valeurs du fait que les lieux et les époques qui portent les cultures et les mentalités, auxquels il faut recourir, donnent l’impression de ne pas avoir de principes fondateurs de l’éducation, qu’elle soit traditionnelle ou scolaire, donc moderne. L’Authenticité a rejoint, sur terrain, l’éducation scolaire qui depuis que l’évangélisation missionnaire l’a inaugurée, est restée un chantier inachevé. Nous ne nous empêcherons pas de constater l’insuffisance de l’instruction scolaire sur le plan technique et professionnel dans la pratique de l’enseignement des missionnaires. Cette situation a eu des conséquences tragiques sur l’éducation du Congolais en général, et le pays est loin de s’en sortir. Quels « principes justes » (Paul Ricœur) sont proposés aux congolais pour en arriver à une « éthique » qui pose le « principe des institutions justes », et qui amène au discernement par la sagesse pratique ? Face à tout cela, la société congolaise, et les populations scolaires en particulier sont retombées dans « le relativisme, c’est-à-dire la doctrine qui considère la relativité comme indépassable, affirmant qu’il n’a rien d’universel sinon les énoncés de la science. » 593

Notes
592.

REBOUL, O., La Philosophie de l’éducation, Paris : PUF, 1989, p. 6 (Que sais-je ?).

593.

REBOUL, O., La Philosophie de l’éducation, Paris : PUF, 1989, p. 99 (Que sais-je ?).