Chapitre 9 : Vers un cadre théorique adéquat pour l’éducation aux valeurs au Congo-Kinshasa.

L’école peut être un lieu (le seul lieu ?) d’éducation aux valeurs dans le contexte d’instabilité sociopolitique du Congo. A quelles conditions promouvoir l’acte d’éduquer, et proposer « une philosophie » de l’éducation aux valeurs, adaptées aux circonstances des temps et des lieux. Il s’agit aussi de tenter de répondre au besoin d’une approche pédagogique et didactique, comme nous l’avons perçu à travers l’analyse de la question « Pourquoi cela n’a-t-il pas marché ? » La plupart des personnes voudraient savoir si nous avons la légitimité de faire appliquer au Congo-Kinshasa notre recherche. C’est directement nous demander à quelles conditions rendre possible l’éducation aux valeurs.

La réussite d’une telle « aventure » suppose de placer véritablement la jeunesse congolaise au centre de son éducation, et donc d’aider à dégager de notre recherche une modeste contribution scientifique. L’implication de l’élève dans la promotion de son éducation totale (intellectuelle, humaine, spirituelle et morale) paraît primordiale, et devrait corréler avec l’amélioration des conditions de vie et du Système éducatif de la République démocratique du Congo. Or, cette jeunesse, on ne la connaît pas assez, mais elle a fort besoin, me semble-t-il, de trouver dans sa propre tradition un savoir-faire et un savoir-être d’où elle pourrait partir pour éclairer ou comprendre le « savoir » de son apprentissage. Car, par ses nombreux efforts à se donner ses moyens d’apprentissage et ses moyens de survie, sans pour autant séparer l’éducation de sa « débrouillardise », la jeunesse congolaise croit elle-même en la valeur de ses moyens, puisqu’elle en arrive, sans plein succès certes, à des résultats forts surprenants.

Afin de « formaliser » son imaginaire naturel et exigé par l’école l’apprenant doit lui-même s’impliquer, dès l’école primaire, pour comprendre et apprendre les valeurs. Nous l’analysons à travers le terme « Intersubjectivité » tel qu’il est défini par B.-M. Barth comme cadre théorique pouvant aider à engager l’apprenant – le Congolais – à participer à la construction des valeurs et à l’élaboration de leurs sens.