Si les valeurs de l’éducation doivent être apprises aux élèves par l’école, on doit, avec Jean Houssaye, affirmer que « le but de l’école n’est pas d’imposer des valeurs, mais plutôt de faire découvrir le sens de ce qui a de la valeur.» 627
Par tous les moyens de la réussite mentionnés ci-dessus, l’élève doit pouvoir intégrer les valeurs mises en œuvre dans l’acte pédagogique même. « Le rôle de l’élève change donc également, il n’est plus le récepteur passif qui prend des notes en silence pour les mémoriser par la suite, il devient un membre actif d’un groupe d’apprenants où il assume certaines responsabilités : il adhère au projet, il participe, il exprime ses interprétations, il « apporte sa pierre » à la recherche commune, il écoute les autres, il accepte qu’on questionne ses arguments et qu’on les vérifie à la source » 628 . Autrement dit, il (l’apprenant) n’est plus le récepteur oisif des « pédagogies traditionnelles » qui donnent du relief au savoir du maître, reléguant à l’arrière-plan l’élève et ses moyens d’apprendre. 629 Bien au contraire son goût d’apprendre est plus fort par la création, l’appropriation et les stimulations propres à soutenir sa motivation. Barth détermine deux conditions liées à la participation des élèves : celle de l’enseignant et celle de l’apprenant. Dans son article Participer pour apprendre : Une pédagogie de médiation socio-cognitive, Barth précise que, pour inviter l’apprenant à participer, l’enseignant doit lui offrir une structure d’interaction qui lui permette réellement de participer. Cette structure consiste à inviter l’apprenant « d’entrer dans le jeu, d’avoir un rôle de participant, d’avoir sa place dans l’espace relationnel. La même structure, continue-t-elle, est un moyen pour créer et conduire une attention conjointe vers un but précis… » 630
L’implication des élèves, selon notre auteur, doit à la fois être affective et cognitive : tous doivent investir leurs facultés psychiques et intellectuelles dans le processus de l’apprentissage pour créer la communication où l’on voit dans « l’implication affective et cognitive le facteur le plus important pour que quelqu’un comprenne et se développe » 631 , Britt-Mari Barth le définit comme « cette espèce d’engagement qui donne l’énergie psychique nécessaire pour mobiliser son attention (l’attention de l’élève), se mettre en quête, pour anticiper un résultat » 632 .
Par leur implication à la construction progressive des valeurs de la vie, les apprenants ne sont plus consommateurs extérieurs d’une « science ». Une meilleure identification des valeurs permet à chaque élève de mieux comprendre leur sens. Peut-être arriverait-il à mieux se situer face à la pluralité d’attitudes ou d’idéologies dans un contexte de crise et d’instabilité sociopolitique de la RDC. Ils apprennent aussi à ne pas se refermer sur des valeurs anciennes. Ils en acquièrent progressivement des nouvelles, susceptibles de modifier ou d’enrichir les premières.
Toutes ces valeurs éthiques font que l’école doit toujours offrir à l’élève des situations qui le mettent en projet d’apprendre et le rapprochent des autres. Il y a alors une émulation du fait que les certitudes individuelles sont remises en question, et chaque apprenant est poussé à développer ses compétences dans les différents domaines du savoir.
Cfr. HOUSSAYE, J., Les valeurs à l’école. L’éducation au temps de la sécularisation, Paris : PUF, 1992, cité par Bernard JOLY, « Crise des valeurs en éducation ? » in Revue EDUCATIONS, Décembre 94-Janvier 95, p.7.
BARTH, B.-M., « Le Café de l’Ecole. Quelle culture pour demain ? Le rôle de l’école », Paris : Hachette Education, 22 au 26 novembre 2000, p. 4.
Cfr. ALTET, M., Les pédagogies de l’apprentissage, Paris : PUF, 1997, 128 p.
BARTH, B.-M., Le savoir en construction. Former à une pédagogie de la compréhension, Paris : Retz, 1993, p. 146.
BARTH, B.-M., Le savoir en construction. Former à une pédagogie de la compréhension, Paris : Retz, 1993, p. 146.
Idem.