1. Dans les berceuses
Vertébré aquatique, le poisson renvoie, dans notre contexte, à une enfant dont la mère est connue ; il signifie un enfant toujours en train de pleurnicher.
Symboliquement, ce marché signifie la mort identifiée à la nuit, à l’obscurité, aux ténèbres comme moments propices des morts ding. On ne peut donc pas parler de marché de nuit pour les Ding vivants.
Il renvoie à l’enfant qui, dans les sociétés africaines, est considéré comme une richesse. Mais, identifié à la monnaie congolaise qui semble peu valorisée, un enfant paraît ne pas alors avoir de la valeur par rapport à un adulte.
2. Dans les chansons élégiaques
Insecte coléoptère se nourrissant d’excréments d’herbivores, le boursier est, dans le contexte de ces chansons, identifiée à une personne malheureuse, sans secours ni aide, mais totalement dépendant de quelqu’un d’autre (des autres) pour sa survie.
Ainsi en est-il de la malheureuse comme du boursier qui ne peut vivre sans les excréments d’une ou de plusieurs personnes.
Cet animal renvoie à une personne décédée qui, forte et grosse durant sa vie, faisait faire de durs travaux. A sa mort, on ne peut que l’identifier à un éléphant.
3. Dans les chansons des jumeaux
En revanche, dans les chansons des jumeaux, le même animal signifie les jumeaux auxquels on attribue la valeur de l’éléphant. Ils sont donc mystérieux.
Comme l’éléphant, la chauve-souris signifie également les jumeaux, mais pour cette raison : ils sont collés à leur mère le sont les chauve-souris contre une corde.
Compte tenu de la beauté de sa parure tachetée, le léopard symbolise la mère de jumeaux : elle est belle et attrayante. Les deux ont une même parure. Par assimilation à la force d’un léopard, la mère de jumeaux est une femme puissante, respectée, mais pas nécessairement féroce.
Toutefois, on pourrait « la craindre » si on lui attribue, comme à ses enfants, une puissance mystique et mystérieuse.
Dans ce contexte, il désigne les jumeaux, faisant ainsi appel à leur demeure et à leur aspect physique. Comme le gros rat les jumeaux demeurent dans un lieu caché, le premier dans un nid souterrain, les seconds dans une case de réclusion, ce qui ne les empêche pas d’être très propres.
Les jumeaux et les gros rats sont en effet propres, doux et lisses.
Dans la société ding, Mankwan signifie une espèce de champignons comestibles. Ici, ce terme renvoie aux jumeaux dont la croissance dépend énormément de l’argent comme condition pour subvenir aux besoins et aux soins de ces êtres mystérieux.
Nécessité de souligner leur dépendance et l’exigence de leurs soins comme le sont de fait les Mankwan ne pouvant pousser que s’il y a de la pluie.
Le choix spécifique de cette espèce d’antilope (alors qu’il y en a d’autres) voudrait par sa douceur ainsi que sa faiblesse caractériser les jumeaux qui, nouveau-nés, sont doux et faibles, mais d’une apparente faiblesse d’autant que la tradition ding les considère forts et puissants, mystérieux, pour de nobles raisons analysées.
C’est la case de réclusion, et par surcroît, son atmosphère quasi obscure.
C’est, dans la société ding, un arbre d’argent. Employé dans le contexte chansons de jumeaux, cet arbre renvoie à la mère de ces derniers devenue elle-même la richesse, par excellence : celle d’avoir accouché les jumeaux, signe de richesse.
Cfr. MVI OBEYIN, La Femme et la Littérature orale chez les Ding, Université Nationale du Zaïre, ISP/Kinshasa-Gombe, 1983 (Mémoire), p. 67-69.